Aujourd'hui Guillaume Goubert nous présente Charlotte Perriand. Cette designeuse et architecte française s'est fait connaître pour son utilisation unique du bois ainsi que pour ses tabourets, inspirés des tabourets de traite.
Elle s’appelait Charlotte Perriand. Ce fut un des grands créateurs du XXe siècle. On utilise volontairement ce mot au masculin afin qu’il n’y ait aucun doute. Cette femme a été, dans ses domaines d’activité, l’égale des hommes à une époque où cela n’allait vraiment pas de soi.
L’occasion de parler d’elle est fournie par la parution d’un très beau livre intitulé : « Charlotte Perriand, la montagne inspirée ». Livre qui est signé de la journaliste Pascale Nivelle aux éditions Paulsen. Les livres ne manquent pas sur Charlotte Perriand. L’originalité de celui-ci est d’avoir pris pour fil conducteur l’amour qu’elle éprouvait pour l’univers montagnard, source d’inspiration majeure dans son œuvre.
Charlotte Perriand est née en 1903 à Paris. Ses parents étaient artisans dans le secteur de la mode. Enfant, elle effectue de longs séjours dans la famille de sa mère en Bourgogne et dans celle de son père en Savoie. Après des études dans le domaine des arts décoratifs, sa carrière démarre assez vite mais elle souhaite travailler avec un maître qu’elle admire, l’architecte Le Corbusier. Il la reçoit assez mal. Il lui lance de manière très sexiste : « Ici on ne brode pas des coussins. » Il se ravise après avoir pris connaissance du travail de la jeune femme et l’intègre dans son équipe. Chez Le Corbusier, elle sera la conceptrice d’une série de meubles devenus mondialement célèbres. Il faudra attendre longtemps pour qu’il soit dit clairement que ce mobilier fait de tubes de métal n’avait pas été conçu par Le Corbusier mais par Charlotte Perriand.
Ensuite elle quittera Le Corbusier et développera un style très personnel utilisant beaucoup le bois. Ce changement de cap, après le modernisme à base de métal, a sans doute deux explications. En premier lieu, un long séjour au Japon où elle a été appelée comme conseillère en vue d’un rapprochement entre le modernisme européen et l’artisanat japonais traditionnel.
Deuxième explication : son amour de la montagne et son admiration pour les objets que conçoivent les paysans alpins et en particulier les bergers. Elle fera d'ailleurs une très belle version pour citadins des tabourets que les bergers utilisent pour traire leurs troupeaux. La dernière partie de sa longue vie (elle est morte en 1999 à 96 ans) sera consacrée à l’architecture en montagne. En particulier, la conception de la station des Arcs où elle fait naître des immeubles dont la forme épouse les courbes de niveau du sol afin de se fondre dans le paysage. Elle travaille sur tous les aspects du projet, de l’urbanisme, en faisant en sorte de mettre les voitures à l’écart, jusqu’au mobilier des appartements.
Le livre qui vient de paraître illustre magnifiquement l’intimité de Charlotte Perriand avec les sommets. Notamment en utilisant de très nombreuses images prises en altitude par cette femme qui était aussi une remarquable photographe.
Et c’est en montagne que l‘on trouve l’œuvre la plus attachante de Charlotte Perriand, son propre chalet à Méribel. Il fait la synthèse de toutes ses recherches. Le modernisme pour le caractère pratique, le Japon pour le dépouillement et la montagne pour la chaleur d’un abri.
Chaque mardi à 8h45, Guillaume Goubert et Simon de Monicault présentent une exposition ou un événement qui raconte l'histoire de l'art.
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