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Un musée d’architecture à ciel ouvert

Un article rédigé par Guillaume Goubert - RCF, le 2 juillet 2024 - Modifié le 2 juillet 2024
Les Histoires de l'artUn musée d’architecture à ciel ouvert, par Guillaume Goubert

Pour sa dernière chronique de la saison, Guillaume Goubert nous propose une promenade architecturale, à la Cité internationale universitaire de Paris, un beau parc boisé de 34 hectares dans lequel on peut déambuler au milieu d’un véritable musée d’architecture, non pas en maquettes, mais grandeur nature avec plus de quarante pavillons hébergeant des étudiants.

 La Cite internationale universitaire de Paris © Riccardo Milani / Hans Lucas La Cite internationale universitaire de Paris © Riccardo Milani / Hans Lucas

Même ceux qui ont déjà visité cet endroit peuvent y retourner. De nouveaux bâtiments sont récemment sortis de terre. Et l’un des plus spectaculaires pavillons, la Fondation Avicenne, a été restauré. Le chantier est presque terminé. Inauguré en 1969, c’était alors le pavillon de l’Iran. Son architecture, signée de Claude Parent, était et demeure très audacieuse. Un grand portique, haut de 38 mètres, supportant au-dessus du sol deux boîtes de quatre étages chacune, contenant au total une centaine de chambres. 

De quand date cette cité ?

Elle est née au lendemain de la Première Guerre mondiale d’un idéal pacifiste. Des universitaires et des mécènes ont eu l’idée de créer un lieu où des étudiants de différentes nationalités vivraient ensemble dans un esprit fraternel. Cette conception des choses a déterminé deux caractéristiques fortes de la Cité internationale. D’une part, les pavillons ont une identité géographique : fondation argentine, maison du Japon, collège d’Espagne, maison des provinces de France, etc. D’autre part, ces pavillons ont de grands espaces de réception afin que les étudiants puissent se rencontrer, faire connaissance.

Se promener à la Cité internationale est très amusant, car on cherche sur les bâtiments des indications sur l’origine géographique des fondateurs : une colonnade sur la fondation hellénique ou les tuiles vernissées de la maison d’Asie du Sud-Est (ex-Maison de l’Indochine). Le pavillon suédois a vraiment quelque chose d’un manoir scandinave. Ces bâtiments ont souvent un lien avec l’histoire avec un grand H. Le pavillon du Cambodge est resté fermé pendant 30 ans à cause des événements tragiques que traversait ce pays. La maison Heinrich Heine, c’est-à-dire le pavillon allemand, construit dans les années 1950, fut la première représentation officielle en France de ce que l’on appelait autrefois la RFA.

Sur le plan de l’architecture, quels sont les pavillons les plus intéressants de la cité universitaire ?

Certains ont un charme fou. Je pense à la fondation Deutsch de la Meurthe dont l’architecture évoque Oxford et Cambridge. Mais il y a surtout des bâtiments importants pour l’histoire de l’architecture contemporaine. Le pavillon iranien, déjà cité. Le pavillon suisse, construit en 1933 par Le Corbusier et meublé par Charlotte Perriand. Le collège néerlandais de Willem Dudok, seul exemple en France du style moderniste hollandais. Le pavillon du Brésil, cosigné par Lucio Costa et Le Corbusier, très coloré dans l’esprit de l’Unité d’habitation de Marseille. 

Il faut mentionner enfin un bâtiment lui aussi très connu : l’église du Sacré-Cœur, située à l’entrée de l’autoroute du sud, dont le clocher est orné de quatre anges géants en bronze. Le diocèse de Paris l’avait construite en 1936 à la limite de la cité pour qu’elle serve de paroisse aux étudiants. Le percement du boulevard périphérique, au début des années 1960, a séparé l’église de la Cité universitaire. C’est aujourd’hui une paroisse destinée à la communauté portugaise.

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