Le Centre Pompidou, à Paris, propose actuellement une exposition intitulée "L’enfance du design" qui nous fait parcourir un siècle de mobilier pour enfant. Le sujet est réjouissant, le parcours de l’expo est bref et tout à fait distrayant. Voilà un petit plaisir dont il ne faut pas se priver.
Je commencerai par une considération très générale : on peut dire que le design à destination des enfants illustre à merveille la vocation même du design : inventer des objets ayant des qualités à la fois esthétiques et pratiques. Le Corbusier, le plus illustre architecte du XXe siècle, a dit un jour que le design, c’est "de l’intelligence rendue visible". Eh bien, cette intelligence se voit d’un bout à l’autre de l’exposition. Les objets présentés montrent une réflexion fructueuse sur les besoins des enfants, qu’il s’agisse de jouer, de faire ses devoirs, de manger ou de dormir.
Des meubles pour enfants, il y en a toujours eu. À commencer par les berceaux. Mais, autrefois, pour la plupart, les meubles destinés aux enfants étaient seulement des modèles réduits : des petites chaises, des petits lits… Le XXe siècle marque un tournant avec la reconnaissance de l’enfant comme une personne qui a des besoins spécifiques. Les nouvelles approches éducatives comme celle de Maria Montessori encouragent la mise au point d’un mobilier ayant des qualités à la fois pédagogiques et ludiques. Au sein de la célèbre école de design allemande du Bauhaus, dans les années 1920, une jeune femme, Alma Siedhoff-Buscher, se voit confier, sans doute parce qu’elle est une femme, la mission d’imaginer une chambre pour enfants. Elle propose des meubles légers en forme de blocs cubiques aux couleurs primaires, des meubles pensés comme des objets mobiles et évolutifs, transformables et manipulables par les enfants eux-mêmes. Et qui deviendront des symboles de l’esprit moderniste du Bauhaus.
Oui tout à fait ! Cela a été le cas en Allemagne, en France, en Italie, dans les pays nordiques, aux États-Unis. On peut ainsi citer Alvar Aalto, Arne Jacobsen, Charles & Ray Eames, Jean Prouvé, Enzo Mari ou Philippe Starck. Mais leurs meubles ne sont pas forcément les plus inventifs s’agissant d’un usage par les enfants. Le plus célèbre exemple de design pour enfant n’est d’ailleurs pas signé d’une célébrité. Il s’agit de la chaise Tripp Trapp, éditée par Stokke, chaise haute en bois dont l’assise et le marchepied sont réglables en hauteur et en profondeur. Elle a été conçue au début des années 1970 par un designer norvégien, Peter Opsvik. Depuis, il s’en est venu plus de 12 millions d’exemplaires. Cela dit, j’ai découvert à l’exposition un meuble remarquable signé d’un très grand nom de l’architecture et du design, Pierre Chareau, l’auteur de la célèbre maison de verre de la rue Saint-Guillaume à Paris. C’est une table de jeu datant de 1923. Elle a des tiroirs constitués de filets pour y faire tomber les jouets à l’heure de ranger. De quoi faire rêver tous les parents ou les grands-parents ! La réédition d’une telle trouvaille serait vraiment la bienvenue.
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