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Cinéma : "Les enfants des autres", un film sensible et doux qui réhabilite la figure de la belle-mère

Un article rédigé par Valérie de Marnhac - RCF, le 21 septembre 2022 - Modifié le 17 juillet 2023
La Chronique cinéma"Les enfants des autres", de Rebecca Zlotowski

Aujourd'hui sort au cinéma le film "Les enfants des autres", de Rebecca Zlotowski, et, peut-être pour la première fois à l'écran, un rôle de belle-mère... sympathique !

©Affiche du film "Les enfants des autres" de Rebecca Zlotowski©Affiche du film "Les enfants des autres" de Rebecca Zlotowski

Un film sensible et doux

 

La "belle-mère", au sens de compagne du père, porte mal son nom ! Dans l’imaginaire collectif, depuis les contes de Grimm, elle est plutôt associée au rôle de la méchante ou de la jalouse. Et là c’est le contraire. Rebecca Zlotowski nous parle des liens d’amour non biologiques qui se tissent entre adulte et enfant dans un foyer recomposé. Et elle en fait un film lumineux, sensible et doux, d’une très grande puissance émotionnelle. L’histoire est simple. Rachel a 40 ans, pas d’enfant, elle est professeur dans un lycée, elle aime son métier. Et elle tombe amoureuse d’Ali, son professeur de guitare, joué par l’impeccable Roschdy Zem, séparé de sa femme (Chiara Mastroianni) et père d’une petite Leila de quatre ans. 

 

 

Virginie Efira, une simplicité déconcertante

 

Rachel va donc apprendre à mieux connaître cet enfant et à l'apprivoiser. Elle fait preuve de beaucoup de tendresse et de délicatesse avec Leila. Elle cherche la juste place à occuper avec cet enfant qui n’est pas le sien. Comment l’aimer et prendre soin d’elle au quotidien, tout en laissant leur place au père et à la mère ? Et en sachant que c’est peut-être juste pour un moment seulement ? Virginie Efira endosse le rôle de Rachel. Elle est omniprésente sur les écrans en cette rentrée, elle est déjà à l’affiche de "Revoir Paris", d’Alice Winocour. Elle joue là encore avec une simplicité et une vérité déconcertantes, elle passe de la douceur maternelle à la sensualité de l’amoureuse, et au désarroi et aux doutes qu’elle veut cacher pour ne blesser personne. C’est un vrai chemin d’humilité, de don de soi et d’amour gratuit pour Rachel !

 

La figure de la belle-mère réhabilitée

 

Cet attachement va faire naître en elle un désir de maternité. ​​​​​​​D’autant plus que sa propre sœur apprend dans le même temps qu’elle est enceinte. Les séances chez son gynécologue sont assez terribles quand il lui dit : "À votre âge madame, un mois vaut une année !" C’est plus largement un film sur la transmission, et sur les différentes formes qu’elle peut emprunter. Dans les liens qu’elle noue avec ses élèves aussi, c’est une autre forme de transmission qui se dessine. C’est, une fois encore, un beau portrait de femme puissante et sensible que nous propose Rebecca Zlotowski, trois ans après "Une fille facile", qui déconstruisait avec autant d’intelligence d’autres stéréotypes féminins. Elle cite quelques grands films qui l'ont inspirée et ont fait évolué les mentalités comme "Kramer contre Kramer", par exemple. Je pense aussi à "Madame Doubtfire" plus récemment. Deux films qui ont effectivement, à leur manière, redonné une place centrale au père dans les divorces. Ici c’est donc la belle-mère qui est réhabilitée et c’est pour le bien de tous !

 

Un mort sur le choix du prénom de l'héroïne : elle s’appelle Rachel. Petit clin d’œil de la réalisatrice qui s’appelle Rebecca ? C’est très biblique ! Dans le livre de la Genèse, Rachel c’est la belle-fille de Rebecca, mère de Jacob. Elle arrive aussi en "seconde épouse" puisque Jacob épouse d’abord sa sœur Léa. Elle est "belle à voir et à regarder" dit la Genèse, très aimée de Jacob mais stérile - au début du moins - quand sa sœur enfantera six fils. Dernier clin d’œil du destin peut être ? La réalisatrice s’est découverte enceinte à 41 ans au début du tournage et a accouché d’un petit garçon quelques jours avant la fin du mixage !

 

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