Cette semaine, en hommage à Jean-Luc Godard, et si on allait (re)voir ses films ? Valérie de Marnhac recommande également la nouvelle comédie sentimentale d'Emmanuel Mouret, "Chronique d'une liaison passagère".
Ce mardi 13 septembre, Jean-Luc Godard nous a quittés. On ne peut pas vraiment aimer le cinéma sans aimer Godard et tout ce qu’il a apporté au 7ème art. Godard C’EST le cinéma, il l’a révolutionné, l’a interrogé, ne l’a jamais quitté, lui a consacré un documentaire-somme qui s’intitule "Histoire(s) du cinéma". Après son premier coup de maître que fut "À bout de souffle" en 1960, et des œuvres aussi essentielles que "Le mépris" ou "Pierrot le fou", il y a le choc mai 68. Il est devenu à partir de ce moment-là plus expérimental. Ses liens avec le public se sont distendus.
Mais c’est un artiste qui a inlassablement questionné le thème de la vérité au cinéma. Une des répliques de Godard les plus citées, tirée du PETIT SOLDAT c’est "le cinéma c’est la vérité 24 fois par seconde". Une question qui revient dans bon nombre de ses films...
Anna Karina et Jean-Paul Belmondo dans "Une femme est une femme"
Elle sort deux ans après son film précédant "Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait". Emmanuel Mouret c’est aussi le réalisateur de "Mademoiselle de Joncquières". Il a vraiment un univers très personnel autour des thèmes du désir, de l’amour, de l’inconstance des sentiments. On peut le situer à mi-chemin entre Marivaux et Rohmer, en plus drôle, à la Woody Allen, avec le côté dépressif en moins ! Il a toujours des titres très programmatiques : "L’Art d’aimer", "Un baiser, s'il vous plaît !"... Avec "Chronique d’une liaison passagère" il nous promet une rencontre éphémère, celle de Charlotte et Simon, qui vont se plaire mais se promettre d’en rester au seul plaisir physique et immédiat, sans laisser ni les sentiments ni les projets venir les perturber.
Une relation qu’on pourrait qualifier aujourd’hui de sex friends. C’est l’enjeu du film et cela insuffle une part de suspense à l’histoire. Je vous rassure, rien de leurs ébats n’est montré à l’écran. Avec Mouret, tout est suggéré par la mise en scène, par les hors-champs, les ellipses, les entrées et sorties de personnages dans les plans. Ce qui laisse de la place à l’imagination des spectateurs.
En revanche, on se parle beaucoup chez Mouret. Charlotte et Simon aiment autant discuter que faire l’amour. Des dialogues très libres, sans tabou, sans vulgarité non plus, une façon de se livrer l’un à l’autre qui les emmène finalement vers quelque chose de beaucoup plus intime et profond que prévu.
Emmanuel Mouret avait l'habitude de jouer dans tous ses films mais ce n'est plus le cas depuis ses trois derniers. Il a beaucoup incarné son personnage-type : un romantique désuet, timide, malhabile en amour. Mais il a enfin trouvé son double à l’écran avec Vincent Macaigne qui a aussi cette même veine comique matinée de tendresse et de douceur. Face à lui, c’est Sandrine Kiberlain, parfaite de fantaisie, de spontanéité, de fraîcheur. Il y a entre eux deux une évidence naturelle, et un souci permanent de l’autre qui est très touchant.
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