Le film "Annie Colère", sort en salles ce mercredi 30 novembre. Un film de Blandine Lenoir qui revient sur un sujet sensible : l'avortement et sa lutte pour sa légalisation au début des années 70.
C’est un thème délicat qu’il faut aborder avec beaucoup de tact et de retenue, tant il concerne encore aujourd’hui des milliers de femmes en France, souvent en grande souffrance sociale ou psychologique. L’intérêt du film est de remettre le sujet dans une perspective historique et d’apporter un éclairage sur un épisode méconnu de l’histoire : ce sont les actions du Mlac (le Mouvement pour la libération de l’avortement et de la contraception). C’était un collectif de femmes et d’hommes (dont des médecins) qui militaient pour une prise en charge plus sécurisée et plus douce pour ces femmes. Ce qui frappe, c'est combien elles étaient à l’époque dans une totale ignorance de leur corps et encore soumises au bon vouloir des hommes pour leur sexualité et leur fécondité.
Annie, c'est une ouvrière qui travaille dans une usine textile qui fabrique des matelas, elle a déjà deux grands enfants et se retrouve enceinte d’un troisième qu’elle ne veut pas garder. On est alors en 1973, quelques mois avant la loi Veil. Et elle découvre l’existence de ces centres d’accueil qui offrent aux femmes, avant tout, un espace de parole et d’écoute.
Ce film présente la réalité de ces avortements pratiqués avec une nouvelle méthode importée des États-Unis. On assiste quand même à six d’entre eux, filmés de façon très pudique, mais documentée, et qui parle de situations réelles. Pour son scénario, Blandine Lenoir s’est appuyée sur des témoignages recueillis récemment pour une thèse de doctorat. Et aux côtés d’Annie, c’est toute une galerie de portraits de femmes de toutes catégories sociales et de situations très diverses, qu’on devine plus ou moins dramatiques.
On est loin du film "L'événement", d’Audrey Diwan, qui était adapté d’un livre d’autofiction d'Annie Ernaud, qui était très âpre et très dur. Blandine Lenoir a voulu faire un film à l’encontre des représentations habituelles qu’on a des avortements dans le cinéma. “Annie Colère” est un film chaleureux, bienveillant, qui montre la dimension solidaire de ces femmes, et aussi l’aspect éducatif et émancipateur pour les femmes de ce mouvement.
On peut trouver le film idéaliste ou militant puisqu'il occulte toute dimension dramatique ou morale. C’est son parti-pris : se focaliser sur la tendresse et le soin que les femmes se portent entre elles. C’est assez unique et émouvant et on aimerait que ce soit le cas aujourd’hui dans tous les cabinets de gynécologues.
Elle est exceptionnelle ! C’est Laure Calamy, l’actrice d’"Antoinette dans les Cévennes" et de la série "Dix pour cent". Elle devient presque aussi incontournable que Virginie Effira. Comme elle, elle a un côté simple et sympa auquel tout le monde peut s’identifier et en même temps une présence très lumineuse et très sensuelle. Elle a cette capacité, essentielle pour le personnage d’Annie, de pouvoir passer en une seconde de l’expression de la joie à de l’émerveillement ou à de la crainte, par un simple voile dans le regard. Et comme c’est vraiment un film choral, citons aussi à ses côtés, les performances d’India Hair, de Zita Hanrot ou d’Éric Caravaca tous aussi formidables.
Le mercredi c'est le jour où sortent les nouveaux films au cinéma. C'est aussi le jour pour écouter, à 8h45, La Chronique cinéma de Valérie de Marnhac !
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