Cette semaine, sort au cinéma "Le Petit Nicolas". L’œuvre de Sempé est adaptée pour la première fois sur grand écran en film d’animation. Est-ce un pari audacieux au vu de la simplicité du dessin de Sempé ?
Sur ce plan-là, vous pouvez être rassurés ! La qualité de l’animation et les prouesses techniques sont telles qu’on a vraiment l’impression de voir les personnages s’animer sous nos yeux. C’est un plaisir immense de retrouver Alceste, Clotaire et Agnan dans leur cour d’école, aussi vivants et espiègles que dans notre mémoire.
Mais le film est plus ambitieux. Il raconte la genèse du "Petit Nicolas" et comment cet emblème de l’enfance est né de l’histoire de ses deux créateurs : René Goscinny et Jean-Jacques Sempé.
C’est un récit quasi autobiographique. Il y a des épisodes des aventures du "Petit Nicolas", où il apostrophe régulièrement ses deux auteurs sur leurs choix de scénario, et eux lui racontent en retour comment il a été conçu. Cela fonctionne très bien sur le plan scénaristique.
On retrouve le trait de Sempé en noir et blanc, colorisée façon aquarelle. C’est très léger, aérien et cela respecte cette technique qu’il utilisait pour ses illustrations de presse. La bande son reprend aussi les codes du livre : le bruit de la machine à écrire de Goscinny, celui du papier et des pages qu’on tourne
Pour la partie autobiographique, c’est un dessin d’animation plus classique qui nous fait voyager, à différentes époques, entre l’Argentine, les États-Unis et le Paris d’après-guerre. Le tout est très fidèle au côté tendre et plein d’humour du livre, teinté de cette pointe de mélancolie plus propre à Sempé.
Goscinny est d’origine juive, il a émigré avec ses parents en Amérique du Sud, mais plusieurs membres de sa famille sont morts dans les camps. Sempé enfant, a connu la maltraitance, de la part d’un beau-père violent. "Le Petit Nicolas", c'est un peu leur enfance idéale, telle qu’ils l’ont rêvée, et c’est aussi leur "chemin de résilience", d’après Anne Goscinny, la fille de René, qui a participé au scénario et fourni de nombreuses archives personnelles. On découvre grâce à cela la profondeur de leur amitié, et aussi leur manière de toujours voir le bon côté des choses.
Malgré la mort de Jean-Jacques Sempé cet été, le dessinateur a tout de même pu assister à la réalisation du film et sa présentation à Cannes. C’est une belle reconnaissance pour lui et pour ce projet de longue haleine. C’est une belle reconnaissance aussi du cinéma d’animation comme genre artistique à part entière, pour tout public, petits et grands.
En plus du petit Nicolas, il y a un autre événement dans les sorties de cette semaine, c’est : "Simone - Le voyage du siècle". Un nouveau biopic d’Olivier Dahan, qui avait déjà signé celui d'Édith Piaf, avec Marion Cotillard dans "La Môme". Elsa Zylberstein interprète Simone Veil adulte et Rebecca Marder pour ses jeunes années. J’ai trouvé la seconde plus convaincante, avec des séquences familiales très émouvantes. Le reste est plus connu, mais le parcours de cette femme est tellement exceptionnel et édifiant que c’est à voir avec les jeunes générations !
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