Aubenas
2 films aux antipodes a priori : l’histoire d’une jeune avocate jetée dans le grand bain de la justice pénale et un tour de France tout en douceur et en sensibilité qui donne la parole à des octogénaires et plus, et brise le tabou de la vieillesse !
On commence avec "Première affaire", de Victoria Musiedlack, l’histoire de Nora, une jeune avocate d’un cabinet d’affaires parisien envoyée à Arras pour assister un jeune homme dans une garde à vue.
Le jeune Jordan est soupçonné de meurtre, et totalement tétanisé par la procédure. Elle, c’est sa "première affaire" pénale, elle n’est pas vraiment préparée pour cela. Elle débarque un matin dans le commissariat, à peine
sortie de la boite de nuit où elle a passé sa soirée, et envoyée par son patron, joué par François Morel - étonnant dans ce rôle à contre-emploi d’avocat cynique - n’a trouvé personne d’autre à envoyer.
On voit cette jeune ingénue se métamorphoser au fil de l’enquête, elle gagne d’abord en assurance, grisée par l’enjeu de sa mission. Puis en liberté, loin de sa famille et de ses repères. Le scénario mêle plusieurs récits : une histoire sentimentale, son parcours d’émancipation face à une mère d’origine algérienne inquiète pour sa fille. Tout sonne juste et vrai !
C’est un film sur une profession : avocat, sur la difficulté de conjuguer la morale et la justice quand on sort du cadre éthique de ce métier. Nora va perdre quelques uns de ses idéaux, professionnels et plus intimes.
Noée Abita a une présence hallucinante, en décalage avec sa silhouette menue et sa voix fluette. Elle ressemble au moineau qui revient régulièrement dans le film. Et elle est encore une fois très convaincante ! On l’avait découverte dans Ava de Léa Mysius, en jeune fille mystérieuse perdant progressivement la vue. Et plus récemment, elle a joué aux cotés de Charlotte Gainsbourg et Emmanuelle Béart, dans le très beau film Les Passagers de la nuit, diffusé sur Arte il y a quelques jours.
"Les vieux", un titre choisi avec beaucoup de tendresse pour tous ceux que Claus Drexel a rencontrés. Il voulait donner la parole à ceux qu’on ne voit jamais ! Ils ont entre 80 et 102 ans, vivent entre Colmar et Saint Nazaire, en passant par Chamonix, la Corse, ou les Cévennes.
On y croise un baron dans son château, un ancien parachutiste, un ouvrier-mineur, un guide de montagne, des couples, un veuf inconsolable, une ancienne maitre de conférence, juive, pour qui la seule chose importante de sa
vie, c’est la guerre. « Le reste, c’est du roman » dit-elle.
Claus Drexel les filme avec beaucoup d’empathie et d’humanisme. C’est sa marque de fabrique depuis son premier documentaire sur les "Sans domicile fixe" de Paris. Il prépare très peu de questions à l’avance et fait confiance au mystère de la rencontre. Il sait recueillir des instants uniques, des trésors de sagesse et de vie. On y parle aussi de la mort, sans tabou. Et ça fait du bien !
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