Auvers
À la fois craint et vénéré, le loup incarne des symboles variés, souvent empreints de mystère et de contradiction. Cette créature fascinante a laissé une empreinte indélébile dans les traditions, les mythes et les légendes qui ont façonné nos sociétés. Pourquoi avons-nous peur du loup ? Doit-on le craindre ? Une émission Je pense donc j’agis présentée par Melchior Gormand.
Depuis 1906, le loup n’avait pas été vu en Côtes d’Armor, département au nord de la Bretagne. Des individus ont été identifiés en janvier 2023. Serait-ce le grand retour du loup en Bretagne ? Est-il si méchant et dangereux que dans les contes et légendes ?
Il existe toute une construction culturelle autour du loup. Des allusions en nombre sont faites dans la littérature française, plus précisément dans les contes traditionnels. C’était le personnage terrifiant qui allait dévorer l’enfant s’il n’était pas sage. François de Beaulieu, spécialiste du loup en Bretagne et auteur du livre Le loup en Bretagne : hier et aujourd'hui, explique qu’un seul conte a une fin tragique avec un loup et c’est la version de Charles Perrault du Petit Chaperon rouge. "Dans les contes populaires, le héros s’en sort toujours", affirme-t-il.
Derrière les contes populaires, il y a des histoires de transmissions.
Cette peur autour du canidé a surtout été construite par la religion chrétienne. "Selon Geneviève Carbone, ethnologue, la peur de loup a été construite par l'influence de la religion et est la chose la mieux partagée du monde”. Mais François de Beaulieu est clair : la peur du loup est bien souvent infondée et n’est pas justifiée scientifiquement ou historiquement. Dans son livre Histoire du méchant loup, Jean-Marc Moriceau recense 10.000 attaques de loups entre le XVe et XXIe siècle, ce qui donne une moyenne de 15 attaques de loups par an. La peur est-elle justifiée au vu du nombre de victimes ?
"Les loups ont réussi à survivre grâce à leur discrétion", explique François de Beaulieu. De nature nomade, ils ont traversé la France sans être vus jusqu’aux Pyrénées orientales. Décrit par le spécialiste, c'est un animal peureux et discret, qui se méfie des hommes : "Beaucoup plus de loups ont peur de l’Homme, que l’Homme a peur d’eux".
L’Homme est un loup pour l’Homme.
D’après lui, sa présence n’a pas empêché l’accroissement de l’élevage de moutons entre 1730 et 1830. Leur nombre a été multiplié par dix. Geneviève, une auditrice fidèle de l'émission Je pense donc j'agis, témoigne de son amour inconditionnel pour lui : "C’est un animal fascinant, avec une fidélité et un sens de la famille sans faille. La diabolisation de cet animal n’est pas justifiée, il est mal aimé et mal connu".
Plusieurs figures de Saints ont contribué à rendre le loup plus sympathique dans l'esprit populaire. Il y a notamment Saint François d’Assise et Saint Hervé de Bretagne. Ginette, une auditrice, parle effectivement de l’histoire de Gubbio, un loup qui terrorisait la ville ombrienne du même nom jusqu'à ce qu'il soit apprivoisé par François d'Assise agissant au nom de Dieu. "Il se nourrissait des enfants du village mais Saint François d’Assise l’a dressé.”
François de Beaulieu raconte aussi l’histoire de Saint Hervé : "Saint Hervé cultive son bout de champ avec un âne. Soudain, un loup surgit et attaque l’animal. Le saint dit alors au loup de l’aider à tirer sa charrue et c’est ce qu’il fait. Saint Hervé fit de ce loup le premier chien d’aveugle."
Qui craint le grand méchant loup ? C'est p't'être'vous, c'n'est pas nous !
La question du loup en France illustre la difficulté à trouver les modalités d’un dialogue constructif et de nature à faire émerger des solutions largement acceptées par différents acteurs aux intérêts apparemment contradictoires. Écoutez la première partie de l'émission Je pense donc j'agis :
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
Le Grand-Bornand
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !