Cette semaine, Marque Page vous propose une nouvelle sélection jeunesse et un large choix de BDs pour les enfants : des ouvrages qui vous feront voyager dans la Russie du XVIIIème siècle et le New York des années 30. Des récits qui sentent bons l’aventure à la Indiana Jones... sans oublier des mondes électriques, un petit poilu et une nouvelle intégrale rassemblant plus de 200 gags de Mafalda, la plus connue des héroïnes argentines.
Lumière, T1 Le voyage de Svetlana de Lylian et Sanoe chez Vents d'Ouest
1774. Paris. Dans une lettre posthume, la mère adoptive de Svetlana invite sa fille à rejoindre la Russie pour retrouver ses véritables parents. Au terme de nombreux efforts, Svetlana parvient à financer son voyage dans le territoire des Tsars. Sur les traces de ses origines, elle laisse derrière elle sa vie passée. Bientôt, elle perdra tous ceux qu’elle a aimés et débutera une nouvelle existence faite de magie, de drames et d’amitié...
Récit initiatique et fantastique entre la cour du Tsar et les terres enneigées de la Russie du XVIIIe, Lumière propose une aventure sombre parsemée de terribles rebondissements. Une œuvre jeunesse bouleversante qui ne laisse pas indemne.
Sur plus d’une soixantaine de pages, qui débutent à Paris, nous découvrons le caractère déterminé de notre héroïne, qui gère la maison familiale depuis la mort de sa mère adoptive alors que son père adoptif est lui en pleine dépression. Svetlana, adolescente, est déjà une force vive et arrive avec l’aide d’un ami de la famille à organiser son voyage sur les traces de ses parents russes. Un voyage qui ne sera pas de tout repos, loin de là ! Et qui ne la laissera pas indemne. Heureusement, elle rencontrera Aliocha, un jeune cosaque débrouillard dont la famille a été tuée par les armées de la tsarine Catherine II. L’histoire est prenante, tout s'enchaîne assez rapidement mais sans que cela semble superficiel. L’aspect magique est évoqué plusieurs fois à travers les rêves de Svetlana, jusqu’à la fin de l’album qui laisse penser que cet aspect là pourrait se retrouver au premier plan dans le second tome, alors que nous évoluions jusqu’ici dans un univers plutôt réaliste. Aux pinceaux, ou plutôt à la tablette graphique, Sanoe propose des illustrations à inspiration manga pour ses personnages (et notamment ses visages) avec des couleurs plutôt douces et poétiques qui renforcent le côté conte et magique de cette histoire.
LE COUP DE COEUR DE LA SEMAINE
Spirite, T1 Tungunska de Mara chez Drakoo
Dans le New York des années 1930, Ian Davenport, jeune et timide chercheur en spiritologie, se retrouve propulsé au cœur d’une étrange affaire de meurtres qui secoue le milieu des chasseurs de fantômes. Avec l’aide de Nell Lovelace, une journaliste sceptique mais tenace, il va tenter de percer ce secret lié à la terrible et mystérieuse explosion de Tunguska, contrée perdue de la Sibérie profonde.
Mara, la dessinatrice et scénariste de cette BD nous offre un début typique de récit d’aventures avec un événement spectaculaire à l’origine de l’histoire à venir, et une équipe de scientifiques que l’on retrouve sur les lieux de l’affaire. Après cette courte introduction, nous nous retrouvons 20 ans plus tard, où l’autrice nous présente nos 2 héros en dosant parfaitement action et humour dans une mise en scène réussie, même si quelque peu classique. Son trait aux allures de dessins animés qui ont fait les grandes heures de Walt Disney a tout pour nous plaire. Ajoutez à cela, un aspect steampunk lui aussi réussi (ou ghostbuster d'époque) et un petit côté art déco : le charme continue d’opérer. Sans oublier la mise en couleurs, nous offrant de belles ambiances, comme cette nuit rouge/orangée où se découpent les immeubles évoquant le dessin animé Batman qui fit les belles heures des années 1990. Pour résumer, ce premier volume de Spirite est une belle surprise en espérant que la suite soit du même acabit !
Janardana d'Antoine Ettori chez Delcourt
Un papi bagarreur se lance sur les traces d'un vieil ami disparu à l'autre bout du monde. Une aventure haute en couleurs et en rebondissements.
Ayant reçu un appel à l'aide de son ami Dev, le plus tout jeune mais encore vert Marcel Piton quitte sans hésiter son Sud-Ouest natal pour Pondipor. Une fois sur place, il va non seulement devoir déjouer les embûches qui entravent ses recherches, mais aussi et surtout affronter de vieux démons profondément enfouis qui vont l'obliger à regarde son passé en face.
Course poursuite en mobylette, vieux temple perdu dans la jungle, (bon, pas de méchant nazi), comme vous le voyez l’aventure prend les ingrédients de celles vécues par le fameux aventurier au chapeau et au fouet. Peut-être que les atours sont déjà vus mais la balade que nous propose Antoine Ettori est très réussie et enjouée. Dynamique, on voit que l’auteur a travaillé chez Disney, la narration de cette BD - même si elle est relativement classique - est un vrai succès : on est pris dès les premières pages de l’histoire et on ne lâche pas le livre avant de l’avoir fini ! Si j’ai évoqué son travail chez Disney, son graphisme lorgne beaucoup vers le manga et l’on pense à Akira Toriyama, le papa de Dragon Ball. En effet, Antoine Ettori croque des trognes dignes du mangaka. Son trait semi-réaliste s’avère aussi expressif qu’agréable et se trouve relevé par une mise en couleur punchie. On regrette seulement un manque d'encrage qui aurait fait gagner en lisibilité, regret d'autant plus grand quand on imagine l'album dessiné à la manière de l'illustration de la 4ème de couverture!
Les mondes électriques, T1 Louise, de Christophe Alliel chez Glénat
En seulement quelques coups de tonnerre, le monde s’est effondré. D’étranges éclairs ont fait perdre la raison à l’humanité et seuls les enfants semblent avoir été épargnés par la folie généralisée. Dans ce nouveau monde dérangé, Jason a été séparé de Louise, sa grande sœur. Ils devront se retrouver dans une Londres en proie au chaos. Avancer dans le noir n’est pourtant pas chose aisée, d’autant que de nombreuses questions restent en suspens : quelle est la source de cette tempête surnaturelle ? A-t-elle également touchée la mère hospitalisée de Louise et Jason ? Le monde d’avant a-t-il tout à fait cessé d’exister ?
Biberonné à Lanfeust Mag où il a fait ses premières armes, l’auteur connaît la musique des récits d’aventures, de Science-Fiction et de fantastique. Sans grande originalité jusque-là, il exécute toutefois sa partition avec application et nous offre toute la panoplie attendue : un flashback introductif au cœur de l’action, la présentation du frère craintif et de sa sœur plus sûre d’elle, séparés dès l’arrivée au collège, les difficultés de s’intégrer, puis les premiers liens qui se créent. Puis, lorsque le monde bascule, la peur et le désespoir laissent place au courage. Bref, tout est réuni pour un récit d’horreur et fantastique des plus classiques. Classique, peut-être, mais qui devrait plaire à nos jeunes lecteurs, et l’on voit que l’auteur met du cœur à l’ouvrage, son dessin est travaillé, sa mise en page dynamique et les couleurs au diapason de l’histoire. Pour sa première série en solo, Christophe Alliel propose un récit sans temps-mort avec de multiples rebondissements qui devraient séduire les amateurs de récits fantastiques ou horrifiques dans la lignée de la série TV à succès Stranger Things. Et qui sait la suite pourrait aussi nous surprendre.
Petit poilu, T26 Grosso Modo de Bailly et Fraipont chez Dupuis
Alors ça ! Voilà que Petit Poilu dégringole dans une nuit noire saupoudrée d'étoiles brillantes, jusqu'à rebondir sur le ventre mou d'un bien drôle de dormeur : Grosso Modo. Ouf... Mais le souci, c'est que ce dernier décide de faire de Petit Poilu son nouveau doudou favori ! Notre héros parviendra-t-il à échapper au ronfleur sensible sans lui briser le cœur (et le sommeil) ? Car lui préférerait jouer avec Papiloum, un sympathique papillon de nuit, plutôt que de rester coincé dans les bras de ce fameux ronfleur...
Mon doudou sinon rien, tel est le petit message qui fait grandir d'un poil de ce 26ème tome de Petit Poilu. Une histoire pour parler avec vos petits de ce(ux) qui les rassurent la nuit mais aussi ce(ux) qui les effraient. Ici les étoiles, la lune ou encore Papiloum émerveilleront vos chérubins quand Grosso Modo les intriguera dans son obstination à garder Petit Poilu près de lui, alors que celui ci voudrait découvrir le monde auprès de son nouvel ami… Cet album peut tout à la fois évoquer l’attachement, la séparation mais aussi l’autonomie et la découverte et fera certainement naître questionnements et émotions pour les petits lecteurs et leurs parents. Quelque soit les thématiques abordées, les histoires de Petit Poilu sont prétextes à des échanges à avoir, des souvenirs à raconter, et ce, pour le plaisir de toutes les générations.
Mafalda, féminin singulier de Quino chez Glénat
Elle ne sait pas lire mais observe le chaos du monde en posant les bonnes questions. Mafalda exprime avec naïveté, douceur et humour des idées tranchantes, nettes et justes. Avec ses yeux enfantins, elle souligne les paradoxes et les faiblesses de nos sociétés et déploie des idées sincères, belles et simples. Dans son œuvre mythique, Quino est parvenu à créer un personnage vivant dont l’influence a dépassé le créateur. En avance sur son temps, il a su comprendre la force d’un personnage principal féminin et l’a muée en symbole d’un esprit contestataire et anticonformiste.
Dans ce nouveau recueil, retrouvez une compilation des meilleurs strips de Mafalda consacrés à la personnalité émancipatrice et féministe de Mafalda.
Dans un format à l’italienne, la BD propose des strips de 4 cases. 2 strips par page sur plus de 120 pages, vous aurez ainsi droit à environ 250 gags de la fillette argentine la plus connue du monde. Le travail graphique à la plume de Quino est assez sommaire comme souvent dans ce genre de BD de gags en strips courts. L’essentiel se porte sur les personnages, les décors étant quasi inexistants sauf s’ils sont nécessaires à la mécanique de l’histoire. L’essentiel se porte sur les personnages donc mais aussi sur les bons mots. Bande dessinée à caractère plutôt politique, ici les gags se concentrent sur l’émancipation de cette jeune fille à la grosse tignasse noire et sur son combat féministe. Pour cela, la fillette est entourée de plusieurs personnages, très caricaturaux et de points de vue très opposés sur le monde en général. Sa mère en prend bien pour son grade ! Mais d’autres personnages sont incontournables, comme Susanita, son amie tout à fait soumise aux diktats de la société et donc qui ne s’imagine vivre que dans la soumission à son futur mari et futurs enfants.
Avec des extraits de Ghostbusters de Ray Parker Jr, d'Indiana Jones et la dernière croisade de Steven Spielberg et du Petit Poilu du Fraipont et Bailly
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