LES FILMS DE LA SEMAINE - Deux films ont retenu l'intérêt de Valérie de Marnhac cette semaine… Même s’ils ne sont pas exempts de défauts.
Le premier s’intitule « Vivants » d’Alix Delaporte, et il nous plonge au coeur du métier de grand reporter. L’action se déroule au sein d’une agence de presse qui travaille pour le compte d’une chaine de télévision.
Elle envoie ses journalistes sur le terrain pour couvrir des sujets aussi variés que le quotidien de l’hôpital public ou la guerre en Centrafrique. Et comme spectateur, on découvre cela à travers les yeux d’une nouvelle stagiaire, fraichement arrivée et jouée par Alice Isaaz.
C’est un film choral pour raconter un métier d’équipe, de passion et de vocation. Pour défendre un idéal qui motive toujours autant les jeunes recrues : celui d’un journalisme utile et nécessaire, à la recherche de la vérité. La réalisatrice Alix Delaporte vient de cet univers-là, elle a commencé comme camera-woman à l’agence Capa. On sent une pointe de nostalgie, celle d’un monde en train de disparaitre, sous les contraintes financières des médias, la concurrence d’autres formes d’informations et le désintérêt progressif pour les grandes questions d’actualités internationales.
Roschdy Zhem, en directeur de rédaction, Pascale Arbillot (excellente en chef d’équipe!), Vincent Elbaz, le casse-cou prêt à prendre tous les risques… Tous plutôt convaincants. Ils incarnent l’adrénaline du métier, la quête du scoop, de la bonne image, la solidarité qui règne entre eux, l’humour dans les moments plus difficiles.
C'est dans la partie « vie privée » des personnages que le film est moins réussi. Il met en lumière la difficulté de garder un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. On comprend bien le message général mais les histoires de chacun donnent l’impression de vouloir cocher les cases : celui qui est obligé de se shooter pour résister au stress, celle qui a sacrifié tout projet de famille, et le plus superflu à mon goût, c’est la romance qui nait entre le vieux briscard joué par Roschdy Zem et la jeune stagiaire ingénue. Ce n’était pas indispensable !
Mais j’ai été touchée par la dernière séquence, assez inattendue. Un fait anecdotique : une girafe s’est échappée dans Paris et tout d’un coup, au milieu de cette course survoltée, surgit la lenteur, l’élégance, la beauté. Il y a des images de l’animal qui m’ont émue et qui en quelques plans, posent la question de « où est l’essentiel finalement ? ».
Olivier Py, on connait le (grand) homme de théâtre qu’il est, ancien directeur du Festival d’Avignon notamment. Son parti-pris de réalisateur de cinéma débutant est assez ambitieux : un éclairage entièrement à la bougie et un film en longs plans séquences sur les coulisses des 2 dernières heures de la vie de Jean Baptiste Poquelin, alors qu’il monte sur scène pour la dernière fois. Et puisqu’il n’existe que très peu d’archives historiques sur le dramaturge, Olivier Py a laissé très libre cours à son imagination et à ses fantasmes.
On est assez loin de l’auteur scolaire et académique qu’on connait mais Olivier Py apporte néanmoins une pierre personnelle, et documentée quand même, au monument national qu’est Molière. Et il nous rappelle que la mort de cet homme exalté, passionné, inquiet, fiévreux, hanté par ses fantômes - joué par Laurent Lafitte - a aussi donné naissance à ce qui deviendra La Comédie française.
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