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Le film de la semaine : "Captives", d'Arnaud des Pallières

Un article rédigé par Valérie de Marnhac - RCF, le 24 janvier 2024 - Modifié le 24 janvier 2024
La Chronique cinémaLe film de la semaine : "Captives", d'Arnaud des Pallières

LE FILM DE LA SEMAINE - L'action se déroule à la Pitié-Salpêtrière, à Paris en 1894, date du dernier « bal des folles ». Un évènement qui a beaucoup inspiré le cinéma et la littérature ces dernières années.

Affiche du film "Les Captives" ©DRAffiche du film "Les Captives" ©DR

C’est le livre de Victoria Mas, Prix Renaudot des lycéens en 2020, qui a fait connaitre cet évènement de la Belle époque, surréaliste vu d’aujourd’hui ! Un bal mondain où le tout-Paris venait voir danser des femmes internées dites ‘folles’. 

Le livre a ensuite été adapté pour le petit écran. Mais le projet d’Arnaud des Pallières datait d’avant. Et c’est une chance qu’il ait vu le jour. Il embrasse une réalité à la fois plus intime et plus large. Et c’est un film somptueux esthétiquement, qui vaut le coup d’être vu sur grand écran! Les costumes, les décors, les couleurs sont éblouissantes, et la mise en scène adopte des vrais partis-pris de cinéma.

Un point de vue entièrement féminin

Le réalisateur a aussi choisi un point de vue 100% féminin sur cet endroit plus connu pour son médecin-chef, le professeur Charcot… et pour les expériences ahurissantes qu’il menait sur ses patientes en public ! Ce qui intéresse des Pallières, c’est en quoi cet asile se rapprochait plus d’une prison que d’un hôpital. En quoi les patientes y étaient « captives », pour tout un tas de raisons, il y avait des malades certes, mais aussi des alcooliques, des prostituées, des handicapées, des célibataires tout simplement (c’est le cas de Carole Bouquet qui joue le rôle d’une artiste bourgeoise inspirée de la vraie vie d’Hersilie Rouÿ), toutes les femmes que la société du 19ème siècle ne voulaient pas voir… Et parmi elles, la jeune Fanni, jouée par Mélanie Thierry, qui elle choisit de s’y faire interner !

Un film intime et collectif

Il s’ouvre sur le visage d’une femme, à l’intérieur d’une calèche, cadrée en très gros plans, la caméra zoome sur les détails de sa robe, la résille de son gant, le grain de sa peau, avec toutes ses imperfections, ses rougeurs. C’est d’une beauté absolue, et totalement programmatique puisque c’est à partir d’elle, et à travers ses yeux bleus magnétiques, que le spectateur va découvrir l’envers du décor. 

La Chronique cinémaLe film de la semaine : "Captives", d'Arnaud des Pallières

Et découvrir aussi l’entraide, la solidarité entre ces femmes, leur humanité qui perdure malgré les humiliations, les tortures infligées aux corps, les frontières parfois floues entre folie et normalité. Le film ne nous épargne pas la souffrance vécue par ses femmes mais il éclaire ce qu’elles en font.

Un casting impressionnant

C’est une galerie de portraits de femmes incroyable, qui incarnent tout un système : Josiane Balasko, interprète une maitresse des lieux terrible, soucieuse d’obéir aux ordres ; Marina Foïs joue la perversion à la perfection,  mais il y a  aussi des moments de grâce et de poésie avec Yolande Moreau, dont la mémoire s’est enfuie. 

Et Carole Bouquet, en maitre de cérémonie du fameux bal qui offre la plus belle scène du film ! Un temps suspendu où les corps sont enfin source de joie, de plaisir, et même de rires! Arnaud des Pallières a mixé au montage des images des répétitions réelles des actrices, quand elles ont appris à danser le quadrille pour cette scène, avec les scènes jouées pour le film ensuite. 

C’est un film très charnel, porté de bout en bout par la présence magnétique de Mélanie Thierry, filmé caméra à l’épaule de façon vibrante et qui insuffle une tension qui nous tient en haleine jusqu’au bout.

Le film s'intitule "Captives", il est signé d'Arnaud des Pallières et en salles dès aujourd'hui. 

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