Les paysages merveilleux de la Finlande magnifiés par le peintre Akseli Gallen-Kallela sont à l'honneur, jusqu'au 25 juillet prochain, au musée Jacquemart-André. Il s'agit de l'un des plus grands artistes nordiques, né en 1865 et mort en 1931. Avant de rentrer dans le détail de l’exposition, je voudrais d’abord dire qu’en se penchant sur la vie de ce peintre, on ne peut s’empêcher de penser à la situation en Ukraine.
Comme l’Ukraine, la Finlande est une nation qui a subi la domination de puissants voisins. D’abord la Suède, du Xe siècle jusqu’au début du XIXe, puis l’Empire russe dont la Finlande a été un grand duché de 1809 à 1917. La révolution bolchevique a été l’occasion pour la Finlande de prendre son indépendance qu’elle a réussi à maintenir ensuite mais l’URSS a tout de même imposé une condition : une stricte neutralité. C’est devenu un concept géopolitique, la "finlandisation", solution qui a été beaucoup prônée pour l’Ukraine mais qui n’a pas empêché Poutine de déclencher la guerre le 24 février dernier.
Dans l’indépendance finlandaise, il y a un aspect particulier, c’est qu’elle s’est beaucoup appuyée sur les artistes. Les peintres comme Akseli Gallen-Kallela et Albert Edelfelt (qui fait lui aussi l’objet d’une exposition à Paris, au Petit-Palais). Les musiciens avec Jean Sibelius ou Robert Kajanus, les architectes avec Eliel Saarinen ou Alvar Aalto.
Il a consacré une partie de son œuvre aux légendes populaires finlandaises conservées pendant des siècles par la tradition orale. Elles furent mises par écrit au XIXe siècle dans une grande épopée de 23 000 vers. Pour être franc, les tableaux expressionnistes que ce texte a inspiré à Akseli Gallen-Kallela ne sont vraiment pas ceux que je préfère. Cet homme s’est aussi engagé très concrètement dans l’état-major de Gustav Mannerheim. Ce général qui a mené la guerre d’indépendance de la Finlande a demandé au peintre de dessiner les insignes de l’armée, les emblèmes de la Finlande et même des billets de banque.
Et puis Gallen-Kallela a consacré le meilleur de son talent à représenter les étendues sauvages de son pays. C’est un très grand paysagiste qui sait remarquablement rendre la lumière très particulière des pays nordiques, en particulier lorsque le soleil brille sur la neige. Il en a très bien parlé dans ses mémoires, je cite : "Il y avait encore des terres sans routes, on pouvait voir à l'horizon les contours des hauteurs désertiques, tout un monde à part. La clarté du ciel, la magie des forêts avaient là une intensité particulière."
Chaque mardi à 8h45, Guillaume Goubert et Simon de Monicault présentent une exposition ou un événement qui raconte l'histoire de l'art.
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