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Guillaume Goubert | Le wax, un tissu paradoxal

Guillaume Goubert | Le wax, un tissu paradoxal

Un article rédigé par Guillaume Goubert - RCF, le 25 février 2025 - Modifié le 25 février 2025

Aujourd’hui, Guillaume Goubert nous en apprend plus sur un tissu typiquement africain, le wax, à l’occasion d’une remarquable exposition qui se tient au Musée de l’Homme à Paris. 

Camo 43, œuvre photographique de Thandiwe Muriu © T. MuriuCamo 43, œuvre photographique de Thandiwe Muriu © T. Muriu

Aujourd’hui, je souhaite vous parler d’un tissu typiquement africain, le wax à l’occasion d’une remarquable exposition qui se tient au Musée de l’Homme à Paris. Les vêtements, les sacs ou les coussins réalisés en wax évoquent immanquablement l’Afrique. Mais il y a là un grand paradoxe car ce style de tissu a son origine en Indonésie et il est fabriqué aux Pays-Bas encore pour une bonne part.

Une histoire coloniale

L’histoire commence au XIXe siècle en Indonésie, alors possession néerlandaise, lorsque des colons ont l’idée d’industrialiser la production du batik. C’est-à-dire un tissu de coton imprimé en utilisant de la cire (wax, en anglais) afin de délimiter les plages d’impression des motifs. Ce batik industriel ne rencontrera pas le succès en Asie. Mais il trouvera une clientèle en Afrique de l’Ouest. Les importateurs ont été des soldats ghanéens, à leur retour d’Indonésie où ils servaient dans les troupes coloniales néerlandaises. Les coupons de tissu sont alors importés en Afrique depuis la Hollande et l’Écosse.

Le wax est donc un produit tout à fait caractéristique de l’époque coloniale. Du fait du succès commercial en Afrique, de nombreux motifs ont été créés pour la clientèle locale. Le wax s’est alors éloigné du batik indonésien. Un style proprement africain est né. La justaposition des aplats de couleurs a permis de produire des contrastes très marqués, la répétition des motifs donnant une dimension cinétique au tissu. Un peu comme dans les tableaux du peintre Vasarely.

Mais ce n’est pas tout. Chaque motif de tissu a une appellation : La main, Fleur de mariage, Œil, Hibiscus, Hirondelle. Des coupons de wax représentent les lettres de l’alphabet, des morceaux de sucre, des téléphones portables ou des tubes de rouge à lèvre. Il y a aussi des noms qui sont de véritables proclamations : l’œil de ma rivale, Si tu sors je sors, Chérie ne me tourne pas le dos, Mon mari est capable

Des motifs variés

Le wax permet à celle ou celui qui le porte de faire passer un message, de montrer son appartenance à une communauté ou son engagement en faveur d’une cause qui lui tient à cœur.

Le motif « Si tu sors je sors » - il représente des oiseaux s’échappant d’une cage - affirme ainsi une volonté d’émancipation féminine. Il faut aussi mentionner les coupons de wax réalisés à l’occasion d’événements d’actualité : campagnes électorales ou visites pontificales. Je dois dire que j’ai un regret. Lorsque j’ai accompagné le pape Jean-Paul II au Nigeria pour La Croix (c’était en 1998), je n’ai pas réussi à me procurer un coupon du wax créé à l’occasion de ce voyage.

C’est tout cela que l’on peut découvrir à l’exposition du Musée de l’Homme. Elle nous propose aussi des oeuvres d’art contemporain utilisant le wax, notamment des photographies d’une jeune kenyane, Thandiwe Muriu ,ou une sculpture du célèbre artiste béninois Romuald Hazoumé.

Pour conclure, je recommande, notamment à ceux qui n’auraient pas la possibilité de visiter l’exposition, de lire une bande dessinée qui vient tout juste de paraître chez Bayard Graphic. Elle est signée de Justine Sow et s’intitule Wax Paradox. Le paradoxe de ce tissu à la croisée de trois continents.

Jusqu’au 7 septembre

Les Histoires de l'art © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Les Histoires de l'art
Les Histoires de l'art © RCF
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