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"Illusions perdues" : du grand Balzac au cinéma

Un article rédigé par Valérie de Marnhac - RCF,  - Modifié le 17 juillet 2023

Le réalisateur Xavier Giannoli s'attaque à un monument de la littérature française, "Illusions perdues", d'Honoré de Balzac. Un pari risqué, mais réussi !

Illusions perdues - Xavier GianolliIllusions perdues - Xavier Gianolli

 

Un pari réussi

 

C’est tiré de La Comédie Humaine d’Honoré de Balzac, ce qui était un pari particulièrement risqué. Mais là c’est vraiment une très grande réussite, et un film historique flamboyant qui nous plonge dans le bouillonnement de la France du 19ème siècle. Et plus précisément même de Paris, puisque le scénario se concentre sur l’arrivée dans la capitale du jeune Lucien de Rubempré, suivie de ses renoncements et de sa chute.

Au départ, Lucien de Rubempré s’appelle Chardon. C’est un jeune roturier d’Angoulême, ouvrier-typographe dans une petite imprimerie depuis la mort de ses parents, mais il écrit de la poésie à ses heures perdues, et qui va être repéré pour son talent et pour sa beauté par la marquise du coin, la jolie marquise de Bargeton (jouée par Cécile de France), qui décide de l’emmener avec elle à Paris.

Il y découvre la cruauté et le mépris de classe des élites royalistes de l’époque (le film se passe en 1820 sous la Restauration). Et Lucien se tourne vite vers le journalisme, grâce à un ami Lousteau, joué par Vincent Lacoste, qui est parfait dans ce rôle de cynique goguenard et gouailleur. Il va dévoiler à Lucien toutes les compromissions nécessaires, pour réussir dans cette société où tout s’achète et tout se vend : les réputations, les succès artistiques, littéraires, et même l’amour. 
 

 

Les tentations du pouvoir et de l'argent

 

Xavier Giannoli décrit cette époque avec beaucoup de férocité, notamment cette nouvelle presse commerciale à gros tirages qui s’affranchit de toute éthique. C’est l’avènement de la publicité et des rotatives. Et le jeune Lucien ne va pas résister aux tentations du pouvoir et de l’argent qui en découlent.

La mise en scène est absolument virtuose, il y a un rythme donné par la musique, et par le mouvement permanent des acteurs dans les plans, et qui insuffle beaucoup d’énergie. En même temps, Xavier Giannoli est un cinéaste profondément humaniste voire existentiel. On retrouve ici les thèmes qui traversent sa filmographie (Marguerite, A l’Origine, Quand j’étais chanteur, avec Depardieu et Cécile de France déjà…) Les questions que ses films posent : Qu’est-ce que réussir sa vie ?  Comment rester fidèle à soi-même ? Peut-on préserver un idéal de Beauté et de Vérité face à la corruption du monde? 
 

 

Focus sur les films d'Histoire

 

Deux siècles plus tard, le texte de Balzac lu en voix-off résonne étonnamment avec aujourd’hui. On nous parle d’un banquier au gouvernement, de fausses nouvelles qui se répandent. Giannoli s’en amuse beaucoup, nous aussi. Et c’est un bel hommage à la modernité d’un des plus grands écrivains français.

En parallèle, un documentaire programmé ce soir à la télévision, sur la chaîne Ciné+ Premier, fait la part belle aux films d'Histoire. Il est fait d’interviews et d’extraits de films et il interroge la contribution du cinéma à l’Histoire avec un grand H. Avec des intervenants passionnants comme Martin Provost pour Séraphine, Philippe Torreton pour Capitaine Conan, Lucas Belvaux pour Des Hommes sur la guerre d’Algérie.

Tous témoignent d’une recherche de vérité historique mais éclairée d’un point de vue actuel, plus vaste donc que la simple reconstitution de faits réels. Ils parlent aussi de responsabilité pédagogique pour les jeunes générations. C’est très vivant, très concret et cela donne envie de revoir certains films qui sont proposés à la demande pendant un mois sous le label Ciné+ Histoire.
 

Émission La chronique Cinéma © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
La Chronique cinéma
Émission La chronique Cinéma © RCF
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