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Jacques Chambon : "Je suis convaincu que le rire permet de conjurer les choses tragiques!"

Jacques Chambon : "Je suis convaincu que le rire permet de conjurer les choses tragiques!"

Un article rédigé par Vincent Belotti - RCF, le 7 mars 2025 - Modifié le 10 mars 2025
Il était une joieIl était une joie avec Jacques Chambon

Jacques Chambon. Un nom que les fans de "Kaamelott" connaissent bien puisque c'est lui qui incarne l'enchanteur barbu et gaffeur de la série d’Alexandre Astier. Le comédien est actuellement à l'affiche des "Sentinelles", au théâtre Comédie Odéon de Lyon, une tragi comédie sur l'absurdité de la guerre, dont il est aussi l'auteur. Coulisses de la pièce, son regard sur Merlin et petits secrets de bonheur, entretien en première loge après une représentation.

©Comédie Odéon©Comédie Odéon

Deux gardes-frontière perdus dans le désert qui s’observent en chiens de faïence derrière leurs barrières, dans l’attente de la reprise des hostilités. C’est le point de départ des « Sentinelles », une pièce écrite après un passage à Sarajevo, à la fin de la guerre en ex-Yougoslavie. " C’est un conflit qui m’avait beaucoup intéressé par son coté improbable." confie Jacques Chambon. "Comment un pays éduqué, au plus fort taux de diplômés du supérieur au monde, avait pu faire craquer aussi vite son vernis de civilisation, poussé par les nationalismes." 

Un spectacle sur le repliement communautaire, toujours brûlant d’actualité, on pense évidemment à l'invasion russe en Ukraine ou la guerre entre Israël et le Hamas, mais où l’on sourit aussi souvent, quand une tasse de café peut virer à l’incident diplomatique ou en écoutant la version officieuse d’un discours officiel. "Je suis convaincu que le rire permet de conjurer les choses tragiques." affirme l’auteur par ailleurs de nombreuses comédies.

Merci à Merlin 

Drames et comédies, en 30 ans de carrière, ce breton d’origine aura joué sur tous les registres, que ce soit au théâtre, cinéma ou télévision. Mais pour le grand public, il restera surtout le Merlin l’enchanteur, gaffeur de la série Kaamelott  d’Alexandre Astier. Pas frustré d’être réduit à ce seul rôle ? "Pas du tout !", réplique le comédien. D’abord pour le plaisir de jouer ce côté "déplacé, enfantin" du personnage. Mais aussi pour la popularité de la série et des films. "En un seul épisode, je suis vu par plus de gens qu’en 10 ans de théâtre. Et il y a des fans de Kaamelott qui ont la curiosité de venir me voir sur scène et ça aussi, ça me touche beaucoup ! " Merlin porte-bonheur. Mais au quotidien, quels sont ses petits secrets qui le rendent heureux ? 

Questions-Bonheur

Première question : le matin, est-ce que c'est lever tout de suite de bonne humeur, gai comme un pinson ou c'est plutôt le mode ours mal léché qui met du temps à émerger ?

Ah non ! Moi c'est on-off. Dès lors que je suis réveillé, je suis en pleine possession de mes moyens, alors pas forcément physiques, mais intellectuels. Le réveil ne me met pas de mauvaise humeur. Je connais des gens qui disent qu'il ne faut pas me parler avant que j'ai bu mon café. Moi, ce n'est pas un problème du tout. Pas tous les jours la grande joie, mais en tout cas, l'énergie suffisante pour démarrer.

Quand vous avez un petit coup de déprime, qu'est-ce que vous faites pour vous remonter le moral ? Est-ce que vous fabriquez une potion pour faire baisser la tension, comme dans Kaamelott ?

Non, non (rires) ! J’aime beaucoup marcher en ville, à la campagne, en randonnée, etc. D'ailleurs, pour apprendre un texte, j'ai besoin de marcher. C'est pénible pour tout le monde. Du coup, je m'enferme dans mon bureau. Et je répète mon texte comme ça. Il y a une phrase très belle de Romain Gary dans un roman qui s'appelle "Les cerfs-volants" qui dit : "Qu'est-ce qui caractérise la grâce ? C’est le mouvement !"

Quel est l'endroit où vous vous sentez le mieux, qui vous fait du bien ?

L'entourage de mes proches, ma femme, mes enfants, mon petit-fils. Mais sinon, la scène. J'ai compris, à 45 ans, que l'endroit où j'étais le plus à ma place, c'était la scène d'un théâtre. Quand on est sur un plateau, on s'échappe à soi-même, on échappe un petit peu aux contingences du quotidien, à la temporalité. C'est une sorte de fuite. Alors, je ne suis pas sûr que ce soit un très bon prétexte, mais en tout cas, c'est un endroit où je me sens vraiment très, très bien.

Est-ce qu'il y a une personne qui a beaucoup compté pour vous sur le plan personnel ou professionnel et à qui vous avez aujourd'hui envie de dire merci ?

Il y en a une à qui je pense. Elle s'appelle Françoise Zamour-Paul. On était en terminale ensemble, la meilleure élève de la classe, elle a été normalienne ensuite. Et c'est elle qui a eu l'idée, saugrenue, de m'inciter à rejoindre le club théâtre qu'elle venait de fonder au lycée Juliette Récamier (de Lyon, ndlr). Et c'est grâce à ce club théâtre et au spectacle qu'on a monté cette année-là et qu'elle a mis en scène, qui s'appelait "Le misanthrope " de Molière, où je jouais Alceste, que j'ai découvert le plaisir dont je parlais tout à l'heure d'être sur scène. Mais c'est quelqu'un, je le lui dis à chaque fois, "si tu n'avais pas été là, je ne ferais pas ça aujourd'hui, sans doute pas » .

Pour terminer, Jacques Chambon, vous connaissez le dicton "Pour vivre heureux, vivons cachés", mais pour vous, pour vivre heureux, il faudrait vivre comment ?

Alors justement, j'ai beaucoup réfléchi au bonheur et dans un de mes spectacles, je dis que le bonheur, ce n'est pas un objectif, c'est une conséquence. Le but, c'est de faire ce qu'on aime, c'est de se mettre en mouvement, comme on le disait tout à l'heure. Ou alors, c'est le fait de se livrer à quelque chose, à quelqu'un. Ça peut être l'amour, ça peut être la foi, ça peut être l'amitié, ça peut être la passion d'un métier. Il y a du bonheur aussi dans les drames qu'on a vécus parce que ce sont des choses qui rapprochent les gens, qui les construisent. En bref, le bonheur c'est quelque chose de beaucoup plus complexe que du simple bien-être. On parle beaucoup de bien-être, de développement personnel. Moi, ce sont des sujets qui, je trouve, galvaudent beaucoup l'idée du bonheur.


Jacques Chambon à retrouver dans "Les Sentinelles", jusqu'au 29 Mars 2025, à 19h, au Théâtre Comédie-Odéon de Lyon, avec François Bourde, Brigitte Jouffre et Stéphane Margot, sur une mise en scène de Patricia Thévenet. Et dans "Kaamelott, 2e volet", dont la sortie est attendue au cinéma pour le 22 Octobre 2026.

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Il était une joie
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