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Le danger du séparatisme

Un article rédigé par Floraine Jullian, de l'InterFaith Tour - RCF, le 24 avril 2023 - Modifié le 17 juillet 2023

Les nouvelles de ces dernières semaines, tous les articles sur la rupture du gouvernement avec les Français et Françaises, m'ont rappelé une chose : le commun, la réflexion en groupe, l’intérêt général, l’intérêt de la communauté est mis à mal depuis plusieurs années. En effet, depuis un moment déjà, le mot communauté est un mot négatif, qui devient vite le mot communautaire et même communautariste.

©Unsplash©Unsplash

Et de communautaire à séparatiste, il ne reste qu’un pas. C’est un paradoxe intéressant d’ailleurs qu’il soit pointé du doigt comme une mauvaise chose d’organiser un groupe, qu’un groupe a forcément un danger de séparatisme. Que notamment les religions organisent une société parallèle qui est forcément contre la République.

 

Et on observe que ce n’est pas uniquement les religions qui dérangent. En effet, on dénonce les syndicats qui ne veulent pas "jouer le jeu" pour préserver la France de la faillite, on met en place un contrat d’engagement républicain pour protéger les citoyens et les citoyennes des associations... On est sur un a priori négatif assumé que les collectifs sont forcément contre l’intérêt général.

 

Bien sûr, il existe des groupes qui isolent et notamment dans les religions. Et des mécanismes de protection existent pour éviter que des personnes soient victimes d’idéologie ou de manipulation. Et notamment pour protéger contre les sectes et dérives sectaires, pour protéger contre des groupes et des idéologies qui isolent. Il existe une mission interministérielle, appelée Miviludes, basée sur la prévention et la protection par l’engagement des citoyens et citoyennes exposés ou leurs proches. Surtout que, clairement, la conviction religieuse est un facteur fort d’identité qui permet à des gens très différents de se réunir car il rassemble valeurs, cadre de vie, convictions intimes et vision de société. C’est un outil puissant pour construire du commun et donc possiblement du commun qui peut exclure.

 

Cependant, partir du postulat qu’un groupe est mauvais parce qu’il y a des risques qu’il soit mauvais, et donc refuser tout principe de groupe, est un peu tiré par les cheveux. Et peut même être contre-productif sachant que la majorité des protections des droits humains existants ont été posées par des conciliations entre groupes. Et même pour aller plus loin, dans l’histoire de la démocratie, les groupes ont été organisés et pensés également comme des contre-pouvoirs, la méfiance de facto entraîne donc une menace à la démocratie. 

 

Donc il faut qu’on retrouve la logique inverse. Le postulat principal devrait être que les groupes organisés, les associations, les syndicats, les religions permettent de construire du commun. Dans tous ces groupes et collectifs, il y a un ensemble d’individus qui apprennent le mécanisme intellectuel du "faire ensemble". Dans tous ces groupes et collectifs, il y a un ensemble d'individus réunis pour défendre des visions de société et des valeurs communes qui peuvent ensuite être représentées dans la société globale. Et c’est cela qui a permis d’écrire la Déclaration universelle des droits de l'homme, c’est cette lucidité qui a permis d’imaginer la démocratie. 

 

À se méfier des collectifs, on finit par s’isoler dans nos propres collectifs et rendre ces collectifs isolés, etc. Vous voyez le cercle vicieux ! Donc, aujourd’hui je nous invite à arrêter de nous méfier des groupes qui ne sont pas les nôtres et à réapprendre à nos communauté à penser le commun. Aujourd’hui je nous invite à être dans nos communauté les porte-parole de l’intérêt général. Réapprenons la beauté du consensus, la joie des concessions, le respect de l’autre dans sa différence. En résumé, essayons de ne pas devenir, comme l’a dit Kool Shen, le prédateur de notre frère.

 


 

Chaque lundi dans la matinale RCF à 8h52, retrouvez Anne Plouy et Floraine Jullian, de InterFaith Tour, le Mouvement interconvictionnel de jeunesse et d'éducation populaire.

> "Le temps des olives", la chronique interreligieuse

 

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