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Le film de la semaine : OH,CANADA de Paul Schrader

Un article rédigé par Valérie de Marnhac - RCF, le 18 décembre 2024 - Modifié le 18 décembre 2024
La Chronique cinémaLe film de la semaine : OH,CANADA de Paul Schrader

Le film de la semaine, sélectionné par Valérie de Marnhac, est OH, CANADA de Paul Schrader, un réalisateur dont on connaît le nom, mais moins bien la filmographie.

Affiche du film Oh, Canada, de Paul Schrader ©DRAffiche du film Oh, Canada, de Paul Schrader ©DR

Un réalisateur issu du Nouvel Hollywood

Paul Schrader a obtenu peu de récompenses de la profession. Pas de Palme d’Or ni d’Oscar, mais un Lion d’honneur à Venise en 2022, décerné pour l’ensemble de sa carrière (ce qui reste toujours un peu comme un lot de consolation !). Pourtant, il fait partie intégrante du Nouvel Hollywood, ce courant artistique majeur du cinéma américain indépendant des années 1960-70.

Il a commencé comme scénariste aux côtés de Martin Scorsese sur Taxi Driver, Raging Bull et La Dernière Tentation du Christ. Comme Scorsese, il a été marqué par son éducation religieuse (calviniste en l’occurrence pour Schrader), ce qui transparaît dans nombre de ses films. Ses personnages sont souvent des hommes solitaires, marqués par la culpabilité et en quête de rédemption. Ce qui est une nouvelle fois le cas ici !

Richard Gere pour le rôle principal

C’est Richard Gere qui incarne le rôle principal, celui d’un cinéaste célèbre, connu pour ses œuvres engagées, qui, avant de mourir, va confesser les mensonges et autres lâchetés de sa vie. Schrader et Richard Gere se retrouvent 45 ans après American Gigolo, film qui les a fait connaître tous les deux du grand public. Mais le temps a passé et, malheureusement, le beau militaire d'Officier et Gentleman est devenu un vieil homme !

Dans le film, il se prénomme Leonard Fife. C’est un documentariste admiré de tous, notamment de ses anciens élèves, qui le convainquent de leur accorder une ultime interview, une sorte d’entrée dans la postérité. Mais lui l’envisage tout autrement…

Un scénario adapté d’un roman de Russel Banks

Le film est construit en de multiples flashbacks qui reviennent sur différentes périodes de sa vie. Le montage se fait à la manière d’un puzzle visuel et temporel, superposant les souvenirs, passant du N&B à la couleur, multipliant les formats d’image, pour dresser le portrait crépusculaire d’un homme en quête de sa vérité. C’est un film qui demande un peu d’attention et qui peut en laisser certains au bord du chemin. Mais l’effort en vaut la peine, comme souvent au cinéma quand il est plus qu’un simple divertissement ! Il nous offre une belle réflexion sur la vie et la mort, sur les choix que l’on fait ou ne fait pas, et sur les traces que l’on laisse.

C’est Uma Thurman qui joue le rôle de sa jeune femme, Emma. Il le dit dès le début : cette confession lui est adressée, même si elle n’en demandait pas tant ! Mais elle l’accompagnera jusqu’au bout malgré tout. Lui ne peut parler que face caméra, déformation professionnelle sans doute, d’un homme qui a toute sa vie enregistré les paroles des autres. Une manière aussi de rendre hommage au cinéma et de voir dans le personnage de Leonard un double du réalisateur. Le scénario est adapté d’un roman de Russel Banks, grand écrivain américain et ami de Paul Schrader, qui avait déjà adapté un autre de ses romans, Affliction, en 1997. Russel Banks est mort l’année dernière, et le film lui est dédié. J’en profite pour vous conseiller un autre de ses livres adapté au cinéma : De beaux lendemains. Le film d’Atom Egoyan avait remporté le prix du Jury œcuménique au Festival de Cannes en 1997.

Le film de Paul Schrader, qui sort cette semaine dans les salles, s’intitule OH, CANADA et était également en compétition au dernier festival de Cannes.

Émission La chronique Cinéma © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
La Chronique cinéma
Émission La chronique Cinéma © RCF
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