Votre film de la semaine, c’est Diamant Brut, d’Agathe Riedinger. Il faisait partie des 22 films en Compétition officielle à Cannes. Valérie de Marnhac revient plus en détail sur ce film qui traite sans le juger du monde de la téléréalité.
A l’automne, les arbres perdent leurs feuilles mais les écrans de cinéma reprennent des couleurs, grâce notamment aux sorties des films du Festival de Cannes ! Dont deux très grands succès populaires (L’Amour Ouf et Le Comte de Monte Cristo) qui font du mois d’octobre 2024 le meilleur depuis la fin de la crise sanitaire, avec 15,5 millions d’entrées en salles. Et c’est vrai qu’en ce moment il n’y a pas une semaine sans qu’au moins un film de la sélection cannoise ne sorte sur les écrans français. Ce mercredi ne déroge pas à la règle avec un long-métrage signé d’une réalisatrice inconnue jusque là, elle s’appelle Agathe Riedinger. Son film : Diamant Brut.
C’est donc l’histoire de Liane, une jeune fille qui vit avec sa petite sœur et sa mère à Fréjus, et qui rêve de gloire et de reconnaissance. A l’heure actuelle, dans l’imaginaire de beaucoup de jeunes filles, le plus court chemin vers la célébrité, ce sont évidemment les réseaux sociaux et la télé-réalité. Elle va donc s’inscrire au jeu télévisé de Miracle Island, et être sélectionnée pour un casting à venir.
La caméra suit au plus près le personnage de Liane (formidablement interprété par la jeune Malou Khebizi), prête à tout pour devenir la plus belle et la plus désirable, aux yeux de ses milliers de fans virtuels. Pour eux, elle sculpte son visage et son corps à grands coups de maquillage, de prothèses et d’artifices en tout genre. Ca brille et ca scintille de tous les côtés !
Mais à aucun moment, la réalisatrice ne la juge, ni ne la condamne. Au contraire, elle en fait le portrait d’une guerrière contemporaine, qui n’est pas sans rappeler Anora, l’héroïne de la Palme d’or cette année. Comme elle, elle incarne un mélange de rage et de volonté farouche de s’élever, dans une société qui ne leur offre que peu de perspectives.
Agathe Riedinger, la réalisatrice, est née en 1984. Elle avait donc 15 ans quand Loft Story a débarqué sur les écrans français. C’est un univers qui la fascine, dans lequel elle s’est immergée depuis plusieurs années. Elle y avait déjà consacré son premier court métrage en 2017. Pour elle, la télé-réalité agit comme un miroir grossissant de notre monde de l’apparence et du culte de soi. Et c’est aussi un révélateur du vide affectif de ces jeunes.
La trajectoire de Liane illustre avant tout son besoin vital d’exister, son désir assoiffé d’être aimée. La réalisatrice ne s’y est pas trompée, elle lui prête une foi quasi-incantatoire, une forme de religiosité plus proche du fétichisme, quand elle récite ses neuvaines à Saint Joseph ou qu’elle se tatoue une croix sur le ventre. Mais il y a en même temps chez cette jeune fille, une vulnérabilité extrêmement touchante, qu’on retrouve dans le choix judicieux de la musique : elle est accompagnée tout au long du film d’un thème vibrant et profond joué au violoncelle.
On ne va jamais assez au cinéma ! Alors pour finir une autre sortie très attendue de la semaine : c’est le film d’animation de Michel Hazanavicius sur la Shoah, adapté du livre de Jean-Claude Grumberg : La Plus précieuse des marchandises.
Le mercredi c'est le jour où sortent les nouveaux films au cinéma. C'est aussi le jour pour écouter, à 8h45, La Chronique cinéma de Valérie de Marnhac !
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