Si les vitraux n’ont pas été abîmés par l’incendie, ils ressortent magnifiés de ces cinq années de restauration de la cathédrale. Présentation de ces chefs-d'œuvre avec Jean-Paul Deremble historien d’art et théologien spécialiste des vitraux. Il est au micro de Stéphanie Gallet
Les splendides roses de Notre-Dame n’ont pas été brisées dans l’incendie du 15 avril 2019. C'est l’un des miracles de ce jour terrible. Et la réouverture de l’édifice va permettre de redécouvrir dans une lumière nouvelle ces vitraux qui sont un peu l'âme de la cathédrale gothique. Quand la flèche s’est effondrée, il y a un peu plus de cinq ans, l'historien Jean-Paul Deremble a ressenti une émotion toute médiévale (tant les incendies étaient fréquents au Moyen-Age) mais c’est avec passion qu’il a regardé la cathédrale reprendre vie.
La première, évidemment, c’est le Moyen-Age. Notre-Dame est alors entièrement vitrée avec un ensemble exceptionnel dont il ne subsiste que les roses, joyaux de cette cathédrale gothique. Des roses qui doivent encore être démontées car le chantier n’est pas terminé et va se prolonger au-delà de l’inauguration du 8 décembre.
La deuxième génération, c’est l’étape la plus sombre de cette histoire. Au 17ème et 18ème siècle, c’est l'âge du désamour explique Jean-Paul Deremble. On a perdu les clés de compréhension de ces vitraux médiévaux. On leur reproche leur obscurité et on leur préfère tableaux et tapisseries. De nombreuses verrières sont ainsi démontées et perdues et remplacées par du verre blanc qui laisse mieux entrer la lumière afin d’éclairer les nouveaux décors.
Troisième génération : c’est évidemment celle du 19ème siècle avec le formidable travail de Viollet-Le-Duc qui veut reconstituer un ensemble de vitraux harmonieux. "La luminosité de la cathédrale est retravaillée dans l’esprit médiéval" explique Jean-Paul Deremble pour rendre la lumière à la cathédrale. "Il ne veut pas imiter, il veut copier et faire comme au Moyen Age." Il y a des vitraux coloré avec des motifs des personnages mais aussi des grisailles qui là encore sont extrêmement bien faites et fidèles aux origines de Notre-Dame.
Quatrième génération au début du 20eme siècle dans les années trente où l'on passe commande de vitraux à des artistes contemporains influencés par le cubisme pour remplacer certaines grisailles. Le tollé est tel qu’ils sont rapidement démontés et on a pu les découvrir récemment lors d’une exposition à la Cité du vitrail de Troyes.
Enfin nous devrions découvrir bientôt, si les polémiques n’ont pas raison d’eux, de nouveaux vitraux sur le thème de la Pentecôte commandés par Mgr Ulrich. Un projet qui enthousiasme Jean-Paul Deremble pour qui "la création contemporaine est le signe que le bâtiment est vivant et qu’il communie avec le temps."
Jean-Paul Deremble a une lecture très mystique des roses qui pour lui synthétisent intériorité et extériorité. "La rose c’est un double mouvement qui nous amène au centre vers le christ ou la vierge, un noyau plein d’énergie qui rayonne et nous conduit à son tour vers l'extérieur et se répand dans l’univers." Des roses qui nous invite à nous questionner sur notre centre et à rayonner en dehors de nous. C’est pour lui une structure totalement spirituelle.
Le conseil c’est d’habiter Notre-Dame et pas seulement d'y passer." Cela va être d’autant plus difficile que les visiteurs vont être très nombreux mais pour Jean-Paul Deremble, il faut essayer de s'asseoir et de prendre le temps de contempler, d'entrer en dialogue avec cette architecture incroyable. Une architecture qui sera révélée à nos yeux par les vitraux mais aussi par la blancheur retrouvée de la pierre qui va éclairer d'une façon inédite cette cathédrale qu’on a connu si sombre.
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