C'est un un lieu magnifique pour se familiariser avec cet art, la Cité du Vitrail qui a ouvert l’an dernier à Troyes dans l’ancien Hôtel-Dieu.
On y découvre comment un vitrail est fabriqué et l’évolution des techniques au fil de siècles. La Cité expose aussi une collection de vitraux allant du XIVe au XXIe siècle. Les verrières sont posées à notre hauteur et fort bien éclairées, ce qui permet d’en contempler les détails et d’apprécier les techniques utilisées.
Beaucoup plus ancien qu’on ne l’imagine. Les plus anciens exemples de baies utilisant du verre coloré remontent à la fin du IVe siècle. Cependant, l’essor du vitrail se situe à l’époque romane avec l’apparition de verrières figuratives racontant des scènes de la Bible et de l’histoire sainte. L’âge d’or sera celui du gothique où le perfectionnement des techniques architecturales permettra de créer de très grandes baies.
Selon l’historien d’art Herbert Kessler, « dans les Écritures et dans l’esthétique médiévale, la lumière était la figure fondamentale de la divinité et le moyen par lequel Dieu communiquait avec l’âme humaine ». C’est dire l’importance que pouvaient avoir les fenêtres des églises et ce qui y était représenté. Les vitraux, en quelque sorte, projetaient la parole de Dieu sur les fidèles.
Pour ressentir cette dimension liturgique des vitraux, lors d’une visite à Troyes, il ne faut pas seulement visiter la Cité du vitrail mais aussi les églises de la ville et des environs, très riches en exemples bien conservés, la région ayant presque échappé aux destructions des deux guerres mondiales.
À partir du XIXe siècle, l’usage du vitrail se développe dans les résidences privées mais aussi dans des lieux publics, par exemple les gares, les grands magasins ou les escaliers des musées. Cependant, la vitalité créative en matière de vitrail s’exprime surtout dans le domaine de l’art sacré. Il faut dire qu’après les guerres du XXe siècle, il y a eu beaucoup d’églises à reconstruire, beaucoup de vitraux détruits à remplacer. D’où de nombreuses commandes.
De nombreux grands artistes du XXe siècle ont créé des verrières pour des églises : Georges Braque à Varengeville-sur-Mer, Marc Chagall dans les cathédrales de Reims et de Metz, Henri Matisse dans la chapelle des dominicaines de Vence. À partir des années 1980, l’État a passé des commandes importantes à des artistes tout à fait contemporains comme, par exemple, les peintre abstraits Geneviève Asse et Olivier Debré pour la collégiale de Lamballe.
On se souvient aussi des débats suscités par les verrières créées par Pierre Soulages entre 1987 et 1994 pour l’abbatiale Sainte-Foy-de-Conques. On peut voir actuellement à Troyes un des vitraux précédents de l’abbatiale qui furent alors déposés. Oeuvres de Francis Chigot, ils dataient des années 1940. La comparaison entre deux styles est assez étonnante.
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