Le Centre Pompidou propose actuellement une exposition bluffante - pardonnez-moi ce mot mais il s’impose. Elle est consacrée à l’architecte britannique Norman Foster. Du début à la fin, le parcours est impressionnant et captivant. La scénographie est splendide. Elle a été conçue par Foster lui-même qui a veillé aux moindres détails. Je suis sorti de là ébloui alors que je ne m’y attendais pas vraiment.
Norman Foster, à mes yeux, est certainement un immense professionnel de l’architecture. Mais son travail me semblait manquer un peu d’âme. Une architecture de grande qualité mais produite en grande quantité et sans aspérités. L’agence Foster + Partners est une des plus importantes de la planète. Dans ses 15 bureaux à travers le monde, elle compte environ 2.000 employés qui élaborent de grands projets comme des tours de bureaux ou des aéroports. C’est déjà admirable d’avoir maintenu un haut niveau d’exigence dans une structure aussi importante. Mais, à l’exposition du Centre Pompidou, j’ai mesuré qu’à la racine de cette réussite économique, demeure le talent d’un grand maître dans l’art de construire.
Lord Foster, car il a été anobli par feu la reine Élisabeth, est né il y a 88 ans dans une famille plutôt modeste de la région de Manchester. Il a quitté l’école à 16 ans pour travailler afin de financer ses études d’architecture. Sa carrière a rapidement pris de l’ampleur avec un premier grand coup en 1985 : la construction du siège de la banque HSBC à Hong Kong, tour très innovante avec ses structures apparentes et ses vastes baies vitrées. On raconte qu’ensuite Norman Foster, lorsqu’il se présentait à d’éventuels clients, commençait par montrer un billet de banque de Hong Kong car sa tour y figurait.
Son agence a ensuite construit des dizaines et des dizaines de projets dont quelques-uns sont mondialement célèbres, comme la reconstruction du bâtiment du parlement à Berlin, le viaduc de Millau en France, ou le siège de la firme électronique Apple, un immense bâtiment en anneau près de San Francisco.
Ce que l’on découvre à l’exposition, très riche en maquettes, c’est que la plupart des projets reposent sur un important travail personnel de Norman Foster. L’exposition s’ouvre par un vaste cabinet de dessins qui montre les croquis de l’architecte. Il dessine beaucoup et très bien. On voit aussi l’énorme travail préparatoire des projets. Par exemple, pour le Carré d’art de Nîmes, bâtiment situé dans un lieu très sensible car juste à côté d’un temple romain, pas moins de 12 maquettes ont été réalisées pour étudier la façade. Foster sait aussi se passionner pour de tout petits projets comme cette chapelle réalisée pour le Vatican sur l’île San Giorgio à Venise.
Alors, il y a des côtés un peu agaçants dans l’exposition. Pour chaque œuvre présentée, il y a un cartel expliquant toutes les qualités écologiques du bâtiment concerné. Cela en devient lassant s’agissant d’une agence qui a bâti tant de gratte-ciel et d’aéroports. Mais on reste tout de même en admiration devant l’ampleur du travail réalisé pour améliorer la qualité des constructions.
On notera pour finir l’élégance de Lord Foster qui a prévu dans l’expo un panneau où figurent 10.000 noms, ceux, je cite, "des 10.000 collègues dont les contributions, depuis 1963, ont permis cette exposition".
> Exposition "Norman Foster" au Centre Pompidou (Paris), du 10 mai au 7 août 2023
Chaque mardi à 8h45, Guillaume Goubert et Simon de Monicault présentent une exposition ou un événement qui raconte l'histoire de l'art.
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