Le choix littéraire de la semaine de Christophe Henning à l'occasion de la matinale spéciale pour les 80 ans du débarquement est "Nous y étions", d’Annick Cojean. 18 vétérans racontent heure par heure le D-Day, aux éditions Grasset.
Le D-Day, on en parle sur RCF en ce 6 juin. On commémore la plus grande opération militaire de tous les temps pour libérer l’Europe de la folie nazie. Et parmi les nombreux ouvrages publiés pour le 80ème anniversaire, j’ai choisi de vous parler de celui d’Annick Cojean, grand reporter au Monde. Il y a dix ans, elle a réuni dix-huit témoignages de ceux qui ont fait le débarquement.
Pas seulement les soldats américains ou britanniques, mais aussi les Français qui ont tout donné pour retrouver leur pays, et aussi les soldats allemands qui, dans leur bunker, ont senti souffler le vent de la défaite face à l’armada qui débarquait sur les plages normandes. "Ici, s’étaient aventurés des héros magnifiques qui avaient pris le risque fou de mourir pour nous libérer des ennemis. Ici étaient morts des garçons formidable", souligne l’auteure.
"Nous avions vu le soleil se coucher sur l’Angleterre, raconte Bill Tucker, parachutiste américain. Nous le verrions se lever sur Sainte-Mère. Avant, il y avait la nuit et l’inconnu." Heure par heure, les vétérans racontent leur participation à l’assaut : "Chacun de nous était un rouage nécessaire à l’opération historique en cours." John Bulkeley dirige les dragueurs de mines qui doivent sécuriser l’approche de la plage : "Quand l’aube a pointé (…) plus de cinq mille navires avançaient résolument sur les côtes françaises. Le canon a tonné. Utah Beach la silencieuse est devenue un enfer de feu et de cendres."
Côté allemand, Franz Gockel comprend vite ce qui se passe : "Cette fois c’est pour de bon, les gars ! Ils arrivent !" Sauf que, et heureusement pour les alliés, le haut commandement allemand n’y croyait pas, perdant de précieuses heures. Cet affrontement est terrible, et ce ne fut pas sans pertes, comme en témoigne le ranger Len Lomell quand il parle de son contingent : "Rien n’aurait pu décourager ces hommes-là. Ils étaient 225 à avoir pris la mer ; ils furent 180 à parvenir au sommet de la pointe ; ils ne seraient plus que 90 le lendemain." S’il a survécu à la bataille, l’américain Jess Weiss le reconnaît volontiers : "De la guerre, jamais je ne me suis remis."
Parce qu’il y a avant et après le débarquement, et que lorsque tout bascule, ce sont des hommes sans défense ou presque qui s’affrontent. Bouleversant, le témoignage de René de Naurois, l’abbé René de Naurois, aumônier militaire, qui débarque en terre normande, sans arme : "J’étais content d’être là. J’étais fier des soldats. Anglais, Français, catholiques, anglicans, qu’importe ! J’étais leur aumônier à tous. Je ne me demandais pas ce qu’un prêtre faisait là. Cela me semblait naturel d’être avec eux en première ligne." Avec sa cornemuse, Bill Millin encourage les camarades. "Aujourd’hui, nous faisons l’histoire", confie l’un d’eux.
Conscients de ce qu’ils ont vécu, les vétérans sont souvent revenus en Normandie, comme une seconde patrie. Ils ont entretenu la flamme, et gardent précieusement le souvenir de ceux qui sont tombés. Sur la tombe de l’un d’eux est écrit : "Well done son, Mammy and Daddy", beau travail filston, maman et papa.
"Nous y étions", 18 vétérans racontent heure par heure le D-Day, écrit par Annick Cojean, aux éditions Grasset.
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