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Rwanda : 30 ans après le génocide, l’art pour raconter
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Rwanda : 30 ans après le génocide, l’art pour raconter

Un article rédigé par Baptiste Picot - RCF, le 17 avril 2024  -  Modifié le 17 avril 2024
Je pense donc j'agis Rwanda : 30 ans après le génocide, l’art pour raconter

Au printemps 1994, 800 000 à 1 million de personnes ont été massacrées pendant le génocide des Tutsis au Rwanda, devenant au passage l’un des pires drames humains du 20e siècle. 30 ans après, la culture aide à se souvenir, à comprendre et à réparer. Une émission Je pense donc j'agis présentée par Melchior Gormand.

© Une saison de machettes, mise en scène Dominique Lurcel © Une saison de machettes, mise en scène Dominique Lurcel

Musique, poésie, peinture et théâtre, différentes formes d’art se sont massivement développées après le génocide au Rwanda, permettant de ne pas oublier ce qu'il s'est passé. Illustration avec la pièce de théâtre "Une saison de machettes" de Dominique Lurcel, metteur en scène et fondateur de la compagnie Passeurs de Mémoires. D'autres initiatives culturelles comme l’association Igicumbi - Centre culturel rwandais en France et son président François Rutayisire, illustrent cette volonté de préserver les enseignements du passé.

L'art pour raconter et ne pas oublier

"La culture peut raconter beaucoup de choses par la parole, la musique, ou l’image”, relate François Rutayisire. Le président d’Igucumbi donne comme exemple le chanteur Gaël Faye, auteur du livre Petit pays et ses musiques comme Kwibuka. Des œuvres artistiques qui portent un message commémoratif.

François Rutayisire évoque aussi "l’explosion" de la sculpture, de la peinture et de toutes les autres formes d’art, qui est survenu après le génocide. Cette montée en puissance de l’art permet selon lui, "de faire connaître la richesse de la culture rwandaise et de contribuer à la réponse que l’on peut apporter au phénomène du génocide”.

L’association Igicumbi se définit comme un incubateur culturel rwandais, qui favorise l’émergence d’un collectif d’artistes africains à Paris. Cette association organise des groupes de parole entre écrivains rwandais et africains, pour discuter du génocide et d’autres sujets culturels.

Le Rwanda est une terre de poésie depuis des siècles.

François Rutayisire ajoute que le Rwanda est de tradition orale, car l’écrit est récent dans cette société. Selon le président de l’association culturelle rwandaise, le théâtre est donc un bon moyen pour entretenir la mémoire au sein du peuple rwandais. Il rappelle aussi que la poésie est très importante dans ce pays : "le Rwanda est une terre de poésie depuis des siècles". Il cite pour l’occasion Nyirarumaga, une poétesse et historienne rwandaise du XVIe siècle, qui a contribué à sauvegarder la culture et l’histoire rwandaise.

Des œuvres de Bruce Clark, nommée Les femmes debout sont visibles devant des monuments comme l'Organisation internationale de la francophonie et dans l'exposition Vie d'après tenue à Aix-en-Provence jusqu'au 9 juin. Ces œuvres représentent la résilience du peuple rwandais.

Le théâtre pour incarner le génocide

Dominique Lurcel a lui été fasciné par les ouvrages de Jean Hatzfeld comme Là où tout se tait (2021) et surtout Une saison de machette (2003), qui lui ont entre autres permis de prendre conscience et de s'intéresser à ce qui se passait au Rwanda en 1994. Le fondateur de la compagnie Passeurs de Mémoires, a d’ailleurs adapté en pièce de théâtre cet ouvrage en 2006.

Dans le théâtre, l’incarnation est importante. La parole ce n’est pas comme le texte.

"Ce qui m'intéresse théâtralement, c’est de faire réfléchir les gens", explique-t-il. Il a su créer son art avec un angle pédagogique pour permettre aux jeunes générations de comprendre l'Histoire du génocide et d’entretenir le souvenir. Le metteur en scène pense également que le théâtre est plus impactant que l’écrit. "Dans le théâtre, l’incarnation est importante. La parole ce n’est pas comme le texte", souligne Dominique Lourcel, une remarque confirmée par François Rutayisire.

La pièce de théâtre Une saison de machette est jouée par trois comédiens blancs et un comédien noir ; deux femmes et deux hommes. Cette décision du metteur en scène a pour but de dissocier le génocide des Tutsis de l’Afrique, pour rappeler que les colons allemands et belges ont joué un rôle dans cette escalade de haines et de violences. Dominique Lurcel explique qu’il appréhende d’éventuelles représentations au Rwanda, de peur de "remuer le couteau dans la plaie", peur qui n’a pas lieu d’être pour François Rutayisire, qui encourage le fondateur de la compagnie Passeurs de Mémoires à venir au Rwanda.

 


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En 2024, le Rwanda commémore l'un des massacres les plus sanglants du XXe siècle. Comment les habitants peuvent-ils vivre avec la mémoire de ce génocide qui aurait fait entre 800 000 et 1 million de morts ? Comment se reconstruire en tant que Rwandais ? Écoutez la première partie de l'émission Je pense donc j'agis :

Je pense donc j'agis Génocide au Rwanda : comment réparer ?
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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Je pense donc j'agis

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