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Vitraux en débat à Notre-Dame de Paris

Un article rédigé par Guillaume Goubert - RCF, le 19 décembre 2023 - Modifié le 19 décembre 2023
Les Histoires de l'artVitraux en débat à Notre-Dame de Paris

Est-il légitime, ou pas, d’installer des vitraux contemporains à Notre-Dame de Paris, en cours de restauration après l’incendie du 15 avril 2019 ? Le débat est ouvert depuis deux semaines.

Alfred Gérente (1821-1868), sous la direction d’Eugène Viollet-le-Duc (1814-1869)   Vitrail de la chapelle Saint-Éloi, 1865 (première chapelle du bas-côté droit)Alfred Gérente (1821-1868), sous la direction d’Eugène Viollet-le-Duc (1814-1869) Vitrail de la chapelle Saint-Éloi, 1865 (première chapelle du bas-côté droit)

J'utilise le mot « débat » plutôt que celui de « polémique ». Car il y a un vrai et beau débat entre différentes options même si certains essaient de tirer l’affaire vers l’éternel affrontement entre passéistes et progressistes. 

De quoi s’agit-il ? L’archevêque de Paris a émis le souhait que des vitraux contemporains soient installés dans six chapelles du côté sud de la cathédrale. Pour Mgr Laurent Ulrich, il s’agit, je cite,  de « marquer dans le bâtiment restauré une trace de cet événement, de cette émotion non seulement parisienne et nationale mais aussi planétaire afin de dire : voilà ce que notre temps et après cette épreuve veut offrir comme contribution à l’histoire de cette église et de Paris ». Fin de citation.

Le 8 décembre, lors d’une visite au chantier de Notre-Dame, Emmanuel Macron a donné son accord au projet. Ce qui a rapidement suscité des réactions hostiles.

Respecter le travail de Viollet-Le-Duc

Principalement, le respect du travail effectué lors la précédente grande restauration, menée par Eugène Viollet-Le-Duc entre 1845 et 1864. Les vitraux contemporains proposés par Mgr Ulrich prendraient la place de verrières conçues par Viollet-le-Duc. Il y aurait donc une infraction au principe d’une restauration à l’identique qui a prévalu au lendemain de l’incendie alors que certains souhaitaient un geste architectural contemporain, par exemple pour remplacer la flèche détruite par l’incendie.

Chef de file des opposants aux nouveaux vitraux, le rédacteur en chef de La Tribune de l’Art a lancé une pétition en ligne qui a déjà recueilli près de 100 000 signatures. Didier Rykner a utilisé des mots excessifs en parlant de « vandalisme ». Mais il faut lui en donner acte : il ne s’oppose pas à la présence de vitraux contemporains à Notre-Dame tant qu’il ne se substituent pas à des oeuvres existantes. Il suggère de placer les nouveaux vitraux dans la tour nord de la cathédrale, celle qui fut sauvée in extremis de l’effondrement le 15 avril 2019.

Un vandalisme ? 

Je récuse d’abord l’idée de vandalisme. Les vitraux de Viollet-le-Duc ne seraient pas détruits mais soigneusement déposés. Autrement dit, rien d’irréversible. Par ailleurs, je trouve assez amusante cette sacralisation du travail de Viollet-le-Duc car il a pris lui-même énormément de libertés avec l’histoire.

J’aime l’idée d’introduire de la création contemporaine dans les monuments anciens, ce qui peut donner de magnifiques résultats, tout particulièrement avec les vitraux. Je suis donc très favorable au projet

Reste à savoir quel serait le meilleur emplacement. Il y a dans la tour nord un beau symbole, en mémoire de l’incendie. Mais ces vitraux ne seraient vus que d’une minorité de visiteurs, ceux qui montent dans les tours de Notre-Dame. 

La solution serait peut-être de mixer les deux options. Des vitraux dans la tour nord mais aussi dans une des chapelles du bas-côté qui aurait une portée symbolique particulière. Par exemple celle de sainte Geneviève, patronne de la ville de Paris.

Dernière remarque. Il serait juste qu’un tel projet soit financé par une souscription spécifique dans la mesure où il ne relève pas de la restauration du bâtiment.

Les Histoires de l'art © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Les Histoires de l'art
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