La politique agricole et les enjeux internationaux
Lors de sa rencontre avec les agriculteurs, à Contrisson (Meuse) en février dernier, le parlementaire de Toul a évoqué aussi des notions parfois mal connues qui touchent le monde agricole : les clauses miroirs, et aussi le principe de précaution.
Avancer, évoluer, prendre des risques ou ne rien faire : vaste débat !
Les agriculteurs meusiens dans le grand bain de la mondialisaiton
Charles Edouard Gibrat au nom des agriculteurs meusiens interpelle le député. "Vous pronez une agriculture alternative mais les agriculteurs sont des agents économiques auxquels on impose des contraintes et sont entrainés dans une compétition mondiale"
On le voit dans le secteur des fruits et légumes, les productions baissent en France et les importations augmentent. N'y aurait il pas mieux fallu protéger avant de se lancer dans une nouvelle économie ? N'a t-on pas mis la charrue avant les boeufs ?
L'importance des clauses miroirs
Le député invoque ce principe. On n'importe pas en France des produits issus du tout phyto, antibiologiques et aussi produit avec des conditions de travail indignes.
Spontanément, l'agriculteur dit non au Mercosur mais les allemands, le gouvernement d'Olaf Scholtz souhaite développer son industrie automobile au Brésil. En face, le président Lulla (nouvellement élu) peut accepter cela mais veut écouler sa viande.
Aujourd'hui, 1/3 de la viande consommée en France est importée. La viande de moindre qualité devient la nourriture des plus pauvres. Les statistiques parlent d'elles-mêmes :50 000 têtes de bétail en moins par an en France et 25% d'éleveurs en moins sur les 15 dernières années et on ne redevient pas éleveurs !
L'Europe dans la compétition internationale.
D Potier, sans démagogie, reste un partisan de l'Europe et c'est vital pour le monde même si l'Europe est imparfaite et inachevée. Elle a su développer les concepts de respect des droits humains et de l'environnement.
C'est facile d'être contre l'ouverture des marchés (les agriculteurs présents dans la salle préfèreraient que l'on mette des préalables)
D Potier se veut sincère en affirmant que la PAC c'est 9 milliards injectés par l'Europe sur un marché structurant et dans un espace de paix. Quand on entre dans la politique, la géo-politique c'est complexe. Dans un monde idéal, on voudrait commercer juste pour ce que l'on a besoin, et le faire de façon juste. Il faut des compromis au sein des filières et entre les pays.
Les échanges se portent ensuite sur la filière fruits et légumes. l'élu reconnait les différentiels avec les pays du sud (coût de l'énergie, main d'oeuvre), il n'a pas que le problème du phyto. On arrache les pommiers. En France, il n'y a pas eu assez d'argent consacré à ce secteur.
Arrachement des pommiers ( F info)
Le Principe de précaution
Questionnement dans la salle, faut-il sacraliser le principe de précaution dans la constitution ? Ou cela ne va t-il pas démotiver les agriculteurs ? Une activité entraîne forcement des risques surtout lorsque l'on produit du vivant.
Pour D Potier, ce principe ne doit pas être un paravent sinon on va droit dans le mur.
Sans élevage, pas de cycle de l'azote équilibré. On produit du protoxyde d'azote pire que le glyphosate : c'est l'INRAE qui le dit. Les céréales pas suffisantes pour équilibrer ce cycle.
La polyculture et l'élevage contribuent à une bonne agro-écologie. Toucher à cela c'est créer une bombe climatique à retardement
épandage d'azote ph observatoire des aliments
Par ailleurs, pour le parlementaire, si on ne prend aucun risque : c'est désespérant. Comme faire des innovations scientifiques et technologiques ? Tout cela dans un but éthique et en exerçant des contrôles. En introduisant la pomme de terre au 18ème siècle, Parmentier a modifié les productions
Antoine Parmentier (1737-1813)
Ne rien faire : c'est privilégier la nature et oublier l'Homme. "Moi, je préfère réconcilier l'Homme et la nature et être inventif. "Le risque doit être calculé à l'aune du bien commun"
"Je ne veux pas tomber d'une dépendance vers une autre, être dépendant de molécules ou de propriétaires de semences" Cependant, il faut évoluer scientifiquement et aussi éthiquement.
Il faut "trier le bon grain et l'ivraie" Le député fait confiance à la sagesse et pas au conservatisme.
RCF vous propose de nous retrouver prochainement pour un 6ème et dernier épisode consacré à la justice
la justice : guide des hommes politiques.
Etienne Payeur
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