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La voiture électrique, un miroir aux alouettes ?

Un article rédigé par Stacy Algrain - RCF, le 18 avril 2023 - Modifié le 18 avril 2023

"Le recyclage des batteries, les SUV de 2 tonnes et les carcasses qui s’entassent dans le fond du jardin, ce sera sûrement des questions pour les jours meilleurs." Stacy Algrain semble dépitée face à notre incapacité collective à aller au bout de la question de la place de la voiture dans nos mobilités. Pour elle, la voiture électrique semble ne pas être du tout la panacée.  

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Depuis que je suis engagée sur les questions environnementales, on aime me dire que je suis écolo. Réduire ses déchets, être écolo. Se questionner sur sa consommation de viande, être écolo. Alors, pour beaucoup, cela irait de soi, si l’on est écolo, on aime forcément les voitures électriques. Bah ouais, ça fait un vroum vroum plus mélodieux et ça ne rejette plus de vilaines fumées noires. Les mangeurs de soja devraient enfin arrêter de nous casser les pieds ! 

Hm… Permettez-moi tout de même de me questionner un peu. 
Ne sommes-nous pas toujours dans cette société où l’on a pu répéter en boucle que le plastique, c’était fantastique ? L’industrie du tabac n’avait-elle pas réussi à nous vendre que fumer était bon pour la santé ? 

Et pile dans notre sujet, les grands énergéticiens tels que Exxon Mobile ou notre Total Energies national n’ont-ils pas dépensé des millions pour saboter le travail des scientifiques sur le changement climatique ? 

Collectivement, combien d’années, de vies, d’opportunités de changer avons-nous perdu pour servir les intérêts de quelques-uns ? 

Ces marchands de doute nous ont longtemps bercé d’illusions. Biberonnés à la croissance et au pétrole, nous, les enfants du capitalisme et du progrès technologique, on a préféré le confort de nos vies à la dureté de la réalité. 

Face aux océans à l’agonie et au plastique remplaçant la vie, abandonner les pailles pour nos cocktails semblait être un pas de géant. Ah sur les terrasses parisiennes, on en a parlé pendant des semaines. T’imagines, boire un spritz sans paille. Truc de dingue. 

Mais bon, c’était pour sauver les tortues et les dauphins. En plus ils sont trop mignons… 

Et voilà que ça recommence…

Quel lien entre les pailles et les voitures électriques ? Notre aversion au changement, la peur de voir notre quotidien bouleversé même dans ses aspects les plus insignifiants. 

Après cette dure séparation entre nous et les pailles en plastique, les machines s’étaient concertées. On avait réfléchi longuement aux moyens d’arrêter les pleurs de ces enfants de l’Occident. En inox, en bambou, en carton ou même en pâte. Victoire, elles étaient de retour !

Pour la voiture, c’est la même chose. Cela faisait déjà bien longtemps que les bruits de couloirs allaient bon train. De l’Élysée au Parlement Européen, tous annonçaient la disparition prochaine de la voiture thermique. Reine de la mobilité individuelle, divinité du bitume, on l’aurait aimée à vie, si elle n’avait pas contribué à conduire notre climat à une mort certaine. 

Mais, dans les films comme dans la réalité, nous n’aimons pas les adieux, les au revoir, tout au plus… Alors, si l’heure était venue de tirer un trait sur les moteurs crachotants des particules fines, nous lancerions nos machines à la poursuite de son alpha. C’est ainsi que la voiture électrique est née. 
Pour arrêter de polluer, il suffirait désormais de changer de bagnole. 
Creuser quelques mines à l’autre bout du monde, racler les tréfonds de notre Terre à la recherche de métaux rares… 

Oui, les industriels et les gouvernements nous l’ont dit, l’air assuré, la voiture électrique, c’est l’avenir. 
Le recyclage des batteries, les SUV de 2 tonnes et les carcasses qui s’entassent dans le fond du jardin, ce sera sûrement des questions pour les jours meilleurs. 

En attendant, rendormons-nous, la musique est si douce… 
La poupée danse dans sa boite, elle tourne, tourne… et nous fermons les yeux…

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