Dans les jardins, au bord d’un chemin ou sur le pare-brise de la voiture familiale, les papillons habillaient toutes les saisons par leur élégance. Aujourd’hui, ils sont les grands absents de notre quotidien. Les scientifiques s'alarment : dans certains départements français, près de la moitié des espèces n'ont pas donné signe de vie depuis 25 ans. Où sont passés les papillons et comment les protéger ? Une émission Je pense donc j'agis présentée par Melchior Gormand.
Les papillons sont des insectes fascinants. Il alimente la convoitise de collectionneurs comme de passionnés de photographie exotique. Parmi ces admirateurs, Louis Diringer, président de l'Association des Lépidoptéristes de France, raconte comment il est tombé dans la lépidomania : “c’était une époque sans télé et j’avais un oncle avec une formation scientifique très poussée. En réalité, j’ai toujours aimé ça et aujourd'hui, je mets ma passion au service d’une association où l’on observe les populations et on publie les résultats”.
Dans l’association des Lépidoptéristes, plusieurs profils partagent cette fascination des papillons. “Il y a des blouses blanches, ce sont des gens très avancés. Il y a aussi des passionnés qui voyagent beaucoup et font des photographies”. Les membres de l’association sont tous unis par un “domaine d’observation quasiment infini. Ce qui fascine, c’est l'aspect du vol. L’Homme jalouse un peu les papillons pour ça”. Avec sérieux, le papillonphile soutient que “les papillons, ce ne sont pas que deux paires d’ailes”. Dans ce vaste monde d'insectes de toutes les formes et de toutes les couleurs, qu’est-ce qu'un papillon et comment le protéger ?
Avec passion, le lépidoptériste Louis Diringer répond. “Il y a plein d’espèces ! Il y a une diversité de couleurs, de formes. Il y en a qui sont très aérodynamiques et robustes. D’autres sont très frêles, et même certains n’ont pas d’ailes”. Aujourd’hui, on estime à “120.000 espèces dans le monde”, se réjouit Philippe Mothiron, spécialiste des hétérocères (papillons de nuit). “On arrondit à 150.000 si on compte ceux qu’on n'a pas encore découvert”, ajoute-t-il.
En réalité, les abeilles ne sont pas les seuls pollinisateurs. Nos chers insectes ailés ont un double rôle, à la fois “dans la pollinisation et pour aider les espèces à se nourrir. Ils constituent aussi un élément important de la chaîne alimentaire”, explique Louis Diringer. Par exemple, les papillons sont “l’alimentation principale des chauves-souris”. Ils seraient une “opportunité d’observation infinie”, dit le passionné. Mais que reste-t-il à observer quand l’espèce s’éteint ? À combien peut estimer la population de papillons aujourd’hui ?
Ces animaux ailés se trouvent dans tous les territoires. ”C’est une réalité, le nombre d'insectes différents augmente. On décrit plein de nouvelles espèces. Mais leur population diminue”, explique le spécialiste des papillons de nuit. Estimer les populations de papillons n’est pas une tâche facile. ”Il ne faut pas raisonner en combien d'espèces, mais plutôt en combien d’individus”, développe Philippe Mothiron. Le constat est alarmant, poursuit l’expert. “En Allemagne, des études ont montré que la masse de papillons a diminué de 80 % en moins de 30 ans”, déplore-t-il. Son confrère ajoute que “c’est dramatique, on constate depuis un certain temps qu'en Île-de-France, on ne trouve plus certaines espèces”.
Ensemble, les deux passionnés listent les causes de ces disparitions. “L’agriculture intensive et la politique de remembrement des années 1960”. Louis Diringer rappelle que c’est surtout ”la société de consommation qui a modifié les paysages comme les haies ou l’usage incontrôlé des pesticides. C’est l’humain qui prend de plus en plus de place”.
Quand les papillons baissent, tous les prédateurs pâtissent
Aujourd’hui, le tout est intensifié par l'inaltérable dérèglement climatique. “Certaines espèces habituées au froid diminuent. Les espèces méridionales montent dans le nord de la France”, raconte Louis Diringer, causant des changements dans les chaînes alimentaires. Les papillons sont un indice dans les populations des animaux. “Quand les papillons baissent, tous les prédateurs pâtissent. 98 % des papillons sont les proies des prédateurs et finissent par les nourrir”, explique le président de l’association.
Rien n'est encore perdu. Des moyens existent pour enrayer ces disparitions massives. Le travail de conservation est lié aux comportements de chacun. “Il faut que chacun ait un comportement de respect envers les papillons. Il faut leur laisser des espaces naturels. "Quand les conditions sont bonnes, les papillons perdurent”, partage Louis Diringer.
Cette résistance passe aussi par nos jardins. “Si on veut une bonne biodiversité de papillons, il faut une bonne biodiversité végétale. Les papillons sont liés à plusieurs espèces de plantes et se rattachent aux milieux naturels qui leur sont destinés”, conclut le Philippe Mothiron. Alors, si vous voulez profiter des couleurs et de l’élégance de nos amis ailés, avoir la main verte peut vous être utile.
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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