Un nouveau métier, une nouvelle vie. Commerciale pendant 20 ans, Sandrine Martel a donné sa démission et s'est lancée dans l'inconnu, ou presque. Installée dans le Pas-de-Calais, elle élève désormais un troupeau de 50 chèvres. Elle produit des fromages et des savons au lait de chèvre - plébiscités par ses clients ! Élever des chèvres, ce n'est pas toujours simple mais Sandrine est une passionnée. Et elle sait qu'elle peut compter sur le voisinage et la famille.
Ça a été "la grosse reconversion", comme le dit sa sœur Hélène. Il y a deux ans, Sandrine Martel s’est lancée dans l’élevage de chèvres après 20 ans dans le commerce. Un projet audacieux, mais la jeune femme peut compter sur l'aide de son entourage et la satisfaction de ses clients. Surtout pour ses savons. Autour de Reclinghem, son petit village du Pas-de-Calais, on apprécie les savons au lait de chèvre de Sandrine Martel. "On a une très bonne clientèle d’habitués au niveau des savons !"
Se reconvertir dans l’agriculture, quand on n’est pas du milieu, il faut avoir un sacré culot, admet Sandrine. Elle a eu le "déclic" après une semaine de woofing avec son fils. "On a fait une semaine de fou, tout de suite ça m’a passionné, ça ne s’explique pas, allez comprendre… !" Sandrine se posait déjà des questions, après 20 ans dans le commerce. Un métier où "on ne nous fait pas confiance, on a des GPS sur les voitures, on nous surveille…" À force d’avoir du mal à se lever le matin et de partir au travail "la boule au ventre", Sandrine à dit à son mari qu’elle voulait changer - "J’arrivais à saturation", raconte-t-elle. Son mari lui a dit : "On n’a qu’une vie, tu as raison, si tu ne le fais pas maintenant tu ne le feras jamais… donc vas-y si tu as envie, renseigne-toi et si tu veux faire ça je te suis." Dans sa famille, certains y ont cru, d’autres se sont dit qu’elle était folle… "Mais après on a vite compris que c’était vraiment son truc", raconte sa sœur.
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Les banques, elles, ont refusé d'accompagner son projet... Sandrine s'est donc tournée vers la fondation Raoul-Follereau, qui agit en faveur de la réinsertion en milieu rural. Une, façon de lutter contre la précarité et de redynamiser les territoires. De développer la solidarité aussi. D'ailleurs, la ferme de Sandrine, La chev'riotte, fédère les bonnes volontés. "Dès qu’il faut faire quelque chose tout le monde vient donner un coup de main à la ferme !" Sa voisine a accepté de prêter son champ pour stocker le fumier. Et son neveu Pierrick préfère donner un coup de main pendant ses vacances "plutôt que de rien faire !" "Dès que je fais une activité, je peux toujours compter sur ma sœur, mes beaux-frères et mes neveux et nièces pour me donner un coup de main, se réjouit la fermière, ils viennent avec le sourire."
La jeune femme a mis en place un système de parrainage des chèvres. "On a des personnes qui parrainent une chèvre, c’est un peu comme si c’était leur chèvre", raconte Sandrine. Les parrains et marraines reçoivent des photos, ils donnent un nom à "leur" chèvre et se réunissent une fois par an à la ferme pour un repas champêtre. "Au final tous nos chevreaux ont été parrainés l’année dernière…"
Dès que je fais une activité, je peux toujours compter sur ma sœur, mes beaux-frères et mes neveux et nièces pour me donner un coup de main
"C’est pas surchargé, c’est pas le truc industriel, les chèvres sont heureuses", observe satisfait un couple de curieux, eux aussi passionnés par les chèvres. Sandrine a commencé avec 20 bêtes, aujourd’hui le troupeau en compte 50 - "on ira pas au-delà". Ses chèvres, Sandrine y est attachée... Et elle n’est pas prête de vendre de la terrine de chevreau ! "Je vais pas vous mentir… Je ne me vois pas donner le biberon à mon chevreau et quatre mois après le passer à l’abattoir."
Pour le moment, on attend la mise-bas avec inquiétude. "On est très, très impatients parce que qui dit pas de mise-bas, pas de lait, pas de lait pas de fromage... Donc nos clients aussi sont impatients parce du coup qu’on a rien à commercialiser sur notre production." Récemment, une chèvre a mis bas avant terme, elle et ses trois petits ont perdu la vie. Un drame pour la fermière. L’année dernière, Ninja, "la mascotte" a fait une pneumonie…. Malgré les coups durs, Sandrine, qui s'est installée "en plein Covid", commence enfin à vivre de sa production.
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