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Semences : leur privatisation met en péril la sécurité alimentaire

Un article rédigé par Sabah Rahmani - RCF, le 11 avril 2023 - Modifié le 17 juillet 2023
Un jour, un geste - Agir pour l’écologie avec KaizenSemences : leur privatisation met en péril la sécurité alimentaire

Sabah Rahmani, rédactrice en chef adjointe du magazine Kaizen nous parle des semences et de l'importance d'en prendre soin.

©  J Garget de Pixabay © J Garget de Pixabay

C’est le printemps et la saison des semences a commencé pour certaines variétés. Connaissez-vous les haricots coco du Trégor, les épinards monstrueux de Viroflay, la betterave crapaudine ? Malheureusement ces variétés cultivées, empreintes de poésie et de terroir, sont aujourd’hui menacées d'érosion génétique comme de nombreuses autres variétés anciennes.

 

La situation est d’autant plus préoccupante que depuis le début du XXe siècle, 75% des légumes, fruits et céréales ont déjà disparu. Pourquoi ? À cause de l'abandon des variétés locales au profit des semences uniformes et rentables, soumise à une obligation d’inscription au Catalogue Officiel depuis 1949 pour être mise en vente et cultivée. 

 

Alors que les semences sont le premier maillon de la chaîne alimentaire et qu’elles appartiennent au patrimoine de l’humanité, leur privatisation met en péril la sécurité et la souveraineté alimentaires mondiales. En réduisant de manière outrancière le nombre de variétés de semences, et en favorisant les OGM, la biodiversité se trouve ainsi diminuée et les ressources génétiques appauvries.

 

Cette main basse sur le vivant remet également en cause l’autonomie des paysans qui peuvent difficilement s’échanger librement et gratuitement des semences reproductibles ; puisque seules trois multinationales contrôlent près de 60 % des semences dans le monde : Monsanto, DuPontDow et Syngenta. Et en France, 90 % des semences appartiennent à seulement six entreprises. Résultats : aujourd'hui, seules 150 à 200 espèces végétales comestibles sont exploitées sur les 250 à 300 000 connues, et trois d’entre elles (le riz, le maïs et le blé) produisent environ 60 % des calories et des protéines végétales consommées par l’être humain.

 

Comment faire face à ce quasi monopole des semenciers ?

 

Pour préserver la richesse de la biodiversité, de plus en plus de paysans, et d’amateurs de jardin, prennent à revers l’uniformisation des multinationales semencières. Ayant le droit de faire leurs propres semences, ils renouent avec une pratique ancestrale et sèment l’espoir de voir notre patrimoine agricole revalorisé. Ils sélectionnent des semences dites paysannes ou anciennes lors de la récolte, puis les multiplient et les préservent pour les futurs semis. Ces « variétés anciennes » existaient avant à la législation qui les a interdites de vente dans les années 1960, par opposition aux variétés dites commerciales. Donc pour échapper aux multinationales semencières, de plus en plus de collectifs et d’associations comme les Kokopelli, s’organisent pour être autonomes et multiplier les semences dans les fermes paysannes et biologiques pour ensuite les échanger.

 

Côté jardin, les particuliers peuvent aussi faire leur propre semis, se procurer des semences anciennes via les associations ou chez des artisans semenciers, ils peuvent également rejoindre une des Maisons des Semences Paysannes présentes un peu partout en France ou bien participer à un troc de graines par exemple. Sachant que bien souvent ces variétés anciennes ont de meilleures qualités nutritives, qu’elles provoquent moins d’allergies, qu’elles consomment moins d’eau et bien sûr qu’elles contribuent à la préservation de la biodiversité. Il est donc bon de cultiver son jardin et ses semis !

 

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