JavaScript is required
Partager

Awa Sylla, une réfugiée intégrée par la cuisine

Un article rédigé par Anaïs Sorce - RCF Lyon, le 11 juin 2024 - Modifié le 12 juin 2024
L'invité de M Comme Midi · RCF LyonÉmission spéciale au Petit Bouclard pour le Refugee Food Festival

Awa Sylla est une femme pleine d'énergie et d'envie. Après avoir quitté sa Côte d'Ivoire pour fuir un mariage forcé, elle s'est toujours accrochée à la cuisine pour avancer. Aujourd'hui, elle est diplômée et pleine de projets.

Awa Sylla cuisinait avec Audrey Jambon au Petit Bouclard lors du Refugee Food Festival 2024Awa Sylla cuisinait avec Audrey Jambon au Petit Bouclard lors du Refugee Food Festival 2024

Tablier blanc et serviette accrochée au flanc, Awa Sylla est occupée à couper ses légumes pour préparer un fonio accompagné d'un ragoût, traditionnels de sa Côte d'Ivoire. Chou, carottes, courgettes, butternut, courge verte de Hongrie, patates douces, manioc, tomates... tout est arrivé en direct du producteur d'Audrey Jambon, la cheffe du restaurant le Petit Bouclard qui l'accueille pour l'édition 2024 du Refugee Food Festival. Tout, sauf certains produits plus exotiques qu'elle a dû commander auprès de son fournisseur Agriz, comme le manioc. Un produit qu'Audrey Jambon ne cuisine pas et que son couteau d'office ne parvient pas à trancher.

Avec sourire et pédagogie, Awa lui explique où couper, avec quel ustensile et comment éplucher cette racine phare en Afrique. « On utilise tout, on se soigne avec ça, on mange avec ça, on fait plein de choses avec le manioc. On peut le faire bouilli, frit, en ragoût, on peut le faire sécher, en farine aussi comme pilé. Et puis, on peut le boire aussi et on peut le manger frais, comme une carotte » déroule la jeune maman qui, en France, a commencé à cuisiner dans l'école de sa fille de cinq ans. « C'est pas parce que j'ai plus d'expérience qu'elle que je ne peux pas apprendre d'elle, il faut savoir rester humble. Deux personnes passionnées par la cuisine, ça fonctionne toujours ! » assure Audrey Jambon.

 Le fonio est une céréale typique d'Afrique, dépourvue de gluten - credit-RCF69

La cuisine, un héritage familial

Awa Sylla confirme s'être « sentie à l'aise » tout de suite et admet même avoir « taquiné directement » Audrey Jambon. Mais la star du menu ce vendredi-là, c'est une céréale surfine originaire d'Afrique, sans gluten, très nutritive et peu utilisée en France : le fonio. Un plat qu'Awa, originaire d'Odiénné, avait particulièrement envie de partager aux convives. En Afrique, proposer du fonio à ses invités est un signe de reconnaissance et de respect. Et cela a du sens pour la réfugiée, qui se souvient de tous les acteurs qui l'ont menés jusqu'ici, à commencer par ses parents.

Car la cuisine est pour elle un héritage familial, qui lui rappelle d'où elle vient : « ma maman est cuisinière, mon papa est boucher. On a de l'élevage, on fait de l'agriculture aussi. C'est très très important pour moi, je sais que toute ma vie, je serais dans la cuisine ». Et ce jour-là, Awa Sylla et Audrey Jambon se sont installées dans l'étroite cuisine du Petit Bouclard dès 8h pour préparer, à quatre mains, le menu franco-ivoirien qu'elle servira aux habitués en terrasse du bistrot lyonnais.

« Merci beaucoup aux gens de Lyon »

Après avoir enfourné son plat, Awa se livre, d'abord discrètement. La jeune femme qu'elle était a fui sa Côte d'Ivoire en 2010, alors que la guerre fait rage et pour éviter un mariage forcé. Ghana, Bénin, Mali, Mauritanie... elle traverse de nombreux pays avant d'arriver dans un camp de réfugiés de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, qui l'aidera ensuite à arriver en France en 2019, quelques mois avant l'épidémie de Covid qui reste marquante pour Awa. 

Alors qu'elle maîtrise à peine le français et l'écrit mal, elle s'attache à ce qu'elle aime, la cuisine, et intègre une formation de commis de cuisine qui la mènera jusqu'au CAP de cuisine, obtenu grâce au programme « Des Étoiles et des Femmes » de Weavers Lyon. Participer au Refugee Food Festival - c'est sa troisième participation cette année - est très important pour elle : « quand j'étais réfugiée en Mauritanie, alors qu'on a connu la guerre et que j'avais mes propres problèmes de famille, j'ai croisé beaucoup de personnes qui restent gravées dans ma mémoire. On m'a beaucoup aidé jusqu'à mon arrivée en France. Vraiment, je remercie tous les gens qui m'ont aidé et merci beaucoup aux gens de Lyon ! ».

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.