Comment surmonter la procrastination ?

Qu’est-ce que la procrastination ?

Repousser une tâche, faire autre chose à la place, ou se mettre en retard, la procrastination a de nombreuses causes et formes. Pour Brigitte Prot, psychopédagogue, enseignante et formatrice, la procrastination est : “un rapport différent au temps, le fait de ne pas habiter le présent pour certaines tâches ou un ensemble de tâches”. Loin d’être un trait de personnalité, la procrastination n’impacte pas toutes nos actions. “On ne procrastine pas tout le temps, seulement pour certaines choses ou actions”, révèle Bénédicte Pichard, psychologue et coach.

Quand on procrastine beaucoup, ça freine notre vie. La personne ne se réalise pas, c’est la peur qui prend la place de la personne.

Qu'elles soient conscientes ou inconscientes, les causes sont nombreuses, et se trouvent dans la psychologie. “Plus on est éloigné de ses valeurs, plus on a peur d’échouer, plus on va procrastiner, le stress ou encore la pression peuvent entraîner cette peur de la tâche”, explique Bénédicte Pichard. Par son travail de coach, elle rencontre des professionnels qui font face à cette situation d’ajournement des tâches. “C’est souvent qu’ils n’ont pas trouvé leur voie, ils se sont ancrés dans ce que la société leur a dit, et ne font pas ce qu’ils ont envie de faire”, complète-t-elle. Tout est une question de degré de procrastination. Pour Brigitte Prot, “quand on procrastine beaucoup, ça freine notre vie. La personne ne se réalise pas, c’est la peur qui prend la place de la personne”. D’apparence très individuel, ce phénomène touche beaucoup de gens. “Procrastiner, c'est un mot hideux qui atteste d’un phénomène sociétal et universel”, précise la psychopédagogue. Un fait sociétal qui, depuis 2010, a sa journée mondiale célébrée chaque année le 25 mars.

La procrastination touche l’ensemble de la société

Des étudiants, aux professionnels, jusqu'aux retraités, c’est un comportement commun à toutes les générations et les milieux professionnels. Brigitte Prot dans son travail de psychopédagogue, accompagne des jeunes, collégiens, lycéens, et étudiants. “Ce phénomène de la procrastination est l’un des freins essentiels à la motivation de ces jeunes. Sur la question des valeurs, de la connaissance de soi, souvent, ils ont besoin d'accéder à ce qui est important pour eux. J'accompagne des jeunes qui ont bien repéré leurs priorités, mais à qui la réussite fait peur, donc c'est ce qu’ils désirent le plus, qu’ils vont reporter”, explique-t-elle. Les retraités ne sont pas en reste. Anne-Marie, auditrice de l’émission, témoigne : “j’ai 82 ans, j’ai eu une vie dense, des enfants. Je n’avais pas le temps de remettre à plus tard. Depuis que je n’ai plus une vie active, j’ai des grandes flemmes, je procrastine”. Des rapports différents au temps, mais il n’y a pas de dictate de la procrastination. “Il faut savoir profiter du temps, parfois on a besoin d'efforts pour faire quelque chose et il faut être prêt à faire cet effort”, révèle Brigitte Prot.

Les personnes ressentent une culpabilité récurrente, telle une dette envers elles-mêmes.

Qu’on soit jeune ou plus âgé, procrastiner peut être une réelle souffrance. Selon Bénédicte Pichard, “c’est handicapant, car ça nous bloque dans nos standards”. Ce comportement peut impacter notre estime de soi et notre confiance en soi. “Les personnes ressentent une culpabilité récurrente, telle une dette envers elles-mêmes. Ils ont le sentiment d’être dépendant pour avancer. Ils se disent, qu’ils auraient pu, qu’ils auraient dû, et qu’ils avaient le temps”, décrit la psychopédagogue.

Comment surmonter la procrastination ?

Les gens savent qu’ils procrastinent, mais ne connaissant pas forcément les raisons de ce comportement, ni les solutions. Aider les gens à se découvrir, c’est le travail de Bénédicte Pichard dans son activité de coach. “J’ai déjà eu un patient, un homme perdu. Son côté investisseur est apparu quand on lui a demandé ce qu’il aime. Il a développé cette identité, qui est la sienne”, raconte-t-elle.

Quand on commence et qu’on réalise que l’on y arrive, ça libère de la dopamine dans le cerveau, donc ça donne envie de continuer.

Ajourner ce qui nous concerne personnellement, ou encore ce que l’on n’aime pas faire, c’est un cercle vicieux. Une expérience partagée par Vesna, auditrice de l’émission : “je suis architecte, je ne repousse pas les tâches dans mon métier. Mais je procrastine sur les choses que je déteste faire et surtout pour faire mes papiers. Je pense qu’une des solutions, c’est de commencer. Car ce qui est dur, c’est d’avoir la volonté de s’y mettre, alors que quand on commence ça va tout seul”. Attaquer la tâche, s’y atteler, c’est l'une des barrières à franchir. "On propose aux personnes de faire cinq minutes de paperasse et si elles veulent continuer, après elles continuent, elles peuvent aussi s’arrêter. Car quand on commence et qu’on réalise que l’on y arrive, ça libère de la dopamine dans le cerveau, donc ça donne envie de continuer”, dévoile la coach.

Chercher les raisons de ce comportement peut aussi constituer la clé pour combattre la procrastination. Cette recherche peut être personnelle comme avec l’aide d’un proche. Diane, auditrice de l’émission, témoigne de son expérience de proche. “Mon conjoint a monté une entreprise, mais elle ne décolle pas. Depuis, il procrastine souvent. On a aussi eu un bébé, je pensais que ça serait un déclic, mais non”, raconte-t-elle. Pour Bénédicte Pichard, il faut creuser et aller chercher l’origine de ce comportement. “Est-ce que cette entreprise est autour de quelque chose qui l’inspire ? Si oui, est-ce qu’il se met des normes élevées, ou une grosse pression ? Est-ce qu’il se compare aux autres entrepreneurs ? Il faut aller chercher la cause de cette procrastination”, explique-t-elle. Les causes peuvent être multiformes mais aussi inconscientes. “Certaines personnes ne s’autorisent pas à devenir entrepreneur, ce n’est pas forcément conscient. Il peut essayer de créer une source de motivation externe ou accepter une aide extérieure comme un cabinet qui aide les nouveaux entrepreneurs”, exprime Brigitte Prot.