France
Les Français se détournent de l'actualité. À moins de trois mois de l’élection présidentielle, les chiffres du baromètre Kantar Public-Onepoint pour La Croix ont de quoi surprendre, voire inquiéter. En fait, ce sondage révèle un paradoxe : si les Français sont particulièrement méfiants à l'égard des médias, ils ont de très fortes attentes. Une information la plus neutre possible et des débats apaisés entre candidats à la présidentielle.
"Les médias, quel rôle dans la campagne présidentielle ?" C'est le thème d'un débat qui s'est tenu le 8 février au Centre Sèvres dans le cadre des Mardis d'éthique public, diffusé sur RCF. Il était animé par Jean-Luc Pouthier, François Euvé, rédacteur en chef de la revue Études, et Stéphanie Gallet, rédactrice en chef culture et société à RCF. Avec : Guillaume Caline, directeur Enjeux publics et opinion chez Kantar public, Dominique Potier, député (PS) de Meurthe-et-Moselle, fondateur du laboratoire d’idées Esprit civique, Jérôme Chapuis, directeur de la rédaction de La Croix.
L’épidémie de Covid ? Les Français trouvent que les médias en ont trop parlé. Pareil pour la candidature d’Éric Zemmour... Et à moins de trois mois de l’élection présidentielle, c’est peu de dire que la campagne intéresse peu les Français.
En fait, les Français entretiennent un rapport complexe avec la presse. Leur confiance à l’égard des médias a rarement été aussi faible. C’est même une spécificité française : notre pays figure parmi ceux où la défiance vis-à-vis de la presse est la plus élevée. Mais le 35e baromètre de confiance dans les médias Kantar Public-Onepoint pour La Croix révèle un paradoxe : malgré une forte défiance, nos compatriotes ont énormément d’attentes.
Mesurer la qualité de la relation entre la presse et les Français, le quotidien La Croix en a fait un rendez-vous annuel. En 2022, le journal en est à son 35e baromètre. Chaque année, un échantillon de 2.000 Français sont interrogés toujours de la même façon, en face à face. Et en cette année électorale, les résultats du baromètre s’avèrent particulièrement instructifs.
62% des sondés déclarent suivre l’actualité avec intérêt : c’est l’un des niveaux les plus bas depuis plus de 30 ans, explique Guillaume Caline de la société Kantar public. C’est plus faible qu’en 2017 et ce chiffre semble reculer à mesure que l’échéance approche. Avec un très faible niveau en particulier chez les jeunes.
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Pourtant, notre vie démocratique est étroitement liée aux médias. Et la télévision n’est pas en reste. Si internet prend de plus en plus de place, la moitié des Français s’informent à travers la télévision. Un tiers d’entre eux regardent chaque jour le JT de 20 heures.
On l’a vu en 2017, les débats télévisés cristallisent les intentions de vote des Français lors des différents moments clés, comme le rappelle Guillaume Caline. Sans parler des retransmissions de meetings sur les chaînes d’info continu qui ont reçu une assez bonne audience. "Cela participe à l’intérêt et à la construction du vote", explique le directeur de chez Kantar public.
Les Français ont des doutes sur l'indépendance des médias. Ils souhaitent une information la plus neutre possible, notamment dans l'exposition des programmes de chaque candidats. Les Français veulent aussi que les médias favorisent des débats apaisés entre candidats durant la présidentielle, révèle le baromètre. Ses résultats ont été publiés le 20 janvier.
Le lundi 7 février dernier, Sibyle Veil, la présidente de Radio France, a appelé à la responsabilité dans cette campagne électorale, afin que ce moment important pour notre démocratie se déroule de manière respectueuse. Cette déclaration faisait suite à la charge d’Éric Zemmour contre France inter le samedi précédent à Lille, où il dénonçait "la propagande immigrationniste, woke et décoloniale de France inter, qui n’hésite pas à insulter les Français qui ne pensent pas comme eux"...
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