Pourquoi le vaccin contre le Covid-19 divise les catholiques ?
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Alors que la mobilisation des "antivax" semble faiblir depuis l’été, 67% des Français approuvent le passe sanitaire, selon une récente étude(*). Cela veut-il dire que la majorité d’entre eux accepte de vivre sous une "dictature sanitaire", pour reprendre les slogans des manifestants ? Le passe sanitaire est-il une atteinte à nos libertés ? Un facteur d’inégalités ? Pour prendre du recul, le jésuite Bruno Saintôt, directeur du département d'éthique biomédicale au Centre Sèvres à Paris, nous donne des clés de réflexion.
"La restriction des libertés est inhérente au fait de vivre ensemble", prévient d’emblée le jésuite. Il rappelle l’article 4 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. "La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi."
Dans le débat autour du passe sanitaire, toute la question est de savoir si la limitation de nos libertés est proportionnée. Si, dans le cas de la vaccination, sont en jeu "les libertés personnelles" il faut aussi introduire "le rapport au bien d’autrui". L’obligation vaccinale est directement liée à la notion de bien commun. C’est ce qui justifie les 11 vaccinations à ce jour obligatoires pour les enfants - obligations elles aussi contestées par ailleurs. "Il y a la liberté et puis il y a l’enjeu de fraternité ou l’enjeu du bien commun ou de la santé publique", nous dit Bruno Saintôt.
Les manifestants contre le vaccin et le passe sanitaire ont évoqué une rupture d’égalité. De fait, tout le monde n’est pas proche d’un centre de vaccination. "On ne peut pas balayer cette question d’égalité ou cette attention aux inégalités." Le jésuite nous rappelle cependant qu’en France, le vaccin est gratuit. Et "qu’il faut quand même s’en réjouir !"
L’application TousAntiCovid, utilisée pour tracer les contacts à risque, met en jeu la protection de nos données personnelles. La CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés), a admis qu'il avait un risque. "C’est une vraie question, admet Bruno Saintôt, même si en France le traçage des contacts ne se fait pas beaucoup..."
Pour le jésuite, il faut à la fois "faire confiance et vérifier". "Dans une démocratie il y a la confiance dans les institutions que nous avons portées mais cette confiance ne va jamais sans des procédures de contrôle que les institutions fonctionnent conformément à ce que nous avons décidé." Il insiste : la confiance est ici "le maître-mot". Car si l'on ne peut plus avoir confiance en autrui, ou dans les institutions, "c’est grave !"
Notre appareil d’État n’est pas une dictature, conclut le jésuite. "Nous sommes encore dans un État de droit, avec des procédures, des élections, etc." Il appelle donc à garder raison, même si, en démocratie, il faut toujours rester vigilant, et vérifier le bon fonctionnement de nos institutions.
(*) Selon une étude Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro du 2 septembre 2021.
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