Le vaccin contre le Covid-19 est devenu un sujet explosif qui divise les couples, les amis, les familles, voire l'Église elle-même. Les catholiques sont en effet très divisés sur la question. Certains s'alarment d'une dérive autoritariste. Quand ce n’est pas l’utilisation de cellules souches de fœtus avortés qui inquiète. Pour nous donner des clés de réflexion, Frédéric Mounier reçoit Bruno Saintôt, s.j., directeur du département d'éthique biomédicale au Centre Sèvres à Paris.
79% des Français sont totalement vaccinés en cette période de rentrée scolaire, selon le ministère de la Santé. Dans le même temps, et pendant tout l’été, des milliers d’"antivax" ont défilé pour protester. Mais que l’on soit pour ou contre le vaccin, des deux côtés beaucoup regrettent : "On ne peut plus discuter !" Les controverses autour des vaccins ne sont pas récentes, rappelle le jésuite Bruno Saintôt. Si le sujet suscite tant de passion, c'est sans doute parce qu’il y a un enjeu de vie et de mort… Or, Bruno Saintôt le rappelle, "le vaccin est efficace, pas à 100% mais il l’est !" Quant à savoir à qui on décide de faire confiance, la question se pose aujourd’hui dans de nombreux domaines.
Les catholiques ont une autre raison d’être inquiets vis-à-vis du vaccin contre le Covid-19. En cause, l’utilisation de cellules de fœtus avortés. Ce que Bruno Saintôt confirme : "Un certain nombre de vaccins - pas tous - ont été réalisés en utilisant des lignées de cellules germinales prélevées il y a de très nombreuses années sur des fœtus avortés." Cela pose évidemment question pour les catholiques, "pour qui le respect dû à l’embryon est une donnée éthique fondamentale", rappelle le jésuite.
Se vacciner est une façon simple de promouvoir le bien commun et de prendre soin les uns des autres, en particulier des plus vulnérables. https://t.co/EqwuTtut5a
— Pape François (@Pontifex_fr) August 18, 2021
Le 18 août dernier, le pape François a appelé à se faire vacciner contre le Covid-19, encourageant ce qu’il qualifie de "petit geste d'amour" dans une vidéo publiée sur Youtube. Faut-il donc se faire vacciner ou non ? Cela peut-il être considéré comme un péché ? La Congrégation pour la doctrine de la foi a estimé en décembre 2020 qu’il était moralement licite d’utiliser ces vaccins. Pour comprendre sa décision, il faut revenir à la notion de "degré de coopération au mal", notion fondamentale en théologie morale catholique. Ici, la coopération au mal - en l’occurrence l’avortement - est lointaine dans le temps (les cellules souches ont été élaborées il y a des dizaines d’années). Elle est aussi indirecte, matérielle et non formelle, pour ne citer que ces critères-là.
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