Châlons-en-Champagne
Tandis que les agriculteurs poursuivent leurs manifestations dans toute la France et à Paris, dénonçant notamment leurs difficultés économiques, le budget alimentaire des ménages gonfle à vue d’œil dans les grandes surfaces. Est-ce à cause de l’inflation sur les denrées alimentaires ? Les précisions de Julien Dezécot, directeur de publication du média Sans transition. Une chronique de l'émission Je pense donc j'agis présentée par Melchior Gormand.
La question de l’inflation a été soulevée depuis des mois par l’association Foodwatch qui vient de lancer mi-janvier une pétition baptisée "En finir avec les profits excessifs de l’industrie agro-alimentaire et des distributeurs".
Co-signée par l’association Familles rurales, l’UFC Que choisir et la CLCV. Cette tribune dénonce un double scandale. En deux ans, l’inflation a fait grimper les prix de l’alimentaire de plus de 20 %. Pour ces associations, il est clair désormais que les géants de l’agro-industrie et les enseignes de la grande distribution, qui se renvoient la responsabilité depuis des mois, ont tous deux profité et alimenté la flambée des prix. Ils en veulent pour preuve que la marge brute de l’industrie agroalimentaire est passée de 28 à 48 % entre fin 2021 et le 2e trimestre de 2023, pour atteindre un niveau historique. Celle de la grande distribution a aussi augmenté sur certains rayons de première nécessité comme les pâtes, les légumes ou encore le lait. De l’autre côté de la barrière, les revenus des agriculteurs, actuellement dans la rue, ou des consommateurs, n’ont pas vraiment suivi cette courbe vertigineuse.
Certaines pratiques abusives font, selon les associations, grimper les prix et baisser le pouvoir d’achat, rendant également les produits sains et durables inaccessibles à des millions de personnes. Ces associations font front commun pour demander aux pouvoirs publics de prendre leurs responsabilités, en imposant aux géants de l’industrie et de la grande distribution la transparence totale sur les marges qu’ils réalisent, produit par produit. Mais également des mesures claires et efficaces, non pas sur la base du volontariat des entreprises, pour empêcher l’explosion de marges sur les produits de première nécessité et rendre plus accessibles les produits sains de qualité, à commencer par ceux recommandés par le plan national nutrition Santé.
D’autant que la flambée des prix alimentaires rend la situation intenable pour des millions de personnes touchés par la précarité alimentaire.
Près d’un Français sur trois déclare devoir sauter un repas par manque d’argent. Pour l'ONG Foodwatch, la colère du monde agricole fait écho à la violence de notre système alimentaire : l’inflation a plongé nombre d’exploitants et des millions de consommateurs dans une grande précarité. Pendant ce temps, "nous assistons depuis des mois à un jeu indécent des géants de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution, qui prétendent n’y être pour rien et se renvoient la responsabilité tout en profitant de l’opacité du système", poursuit Foodwatch dans sa pétition. Pourtant, d’après le président de l’Autorité de la concurrence, Benoît Cœuré, économiste et ancien membre du directoire de la Banque centrale européenne, tout s’explique : "Deux tiers de l'inflation dans la zone euro viennent des profits des entreprises." Certaines, selon l'ONG, s’enrichissent visiblement aux détriments des autres.
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