L’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire des aliments), envisage dans un rapport publié début mai, de mettre en place un nouvel étiquetage sur les aliments frais issus de l’élevage. Une sorte de Nutri-Score du bien-être animal, défini par l’ANSES comme ”un état mental et physique positif, lié à la satisfaction des besoins physiologiques et comportementaux de l’animal, ainsi que de ses attentes". Florence Etoré, cheffe de l’unité d’évaluation des risques liés au bien-être des animaux, à l'ANSES, nous en parle.
Selon Florence Etoré, la réflexion sur le bien-être animal implique “des notions de philosophie, de morale, de science, de technologie ainsi que des considérations économiques et sociétales”. La cheffe de l’unité d’évaluation des risques liés au bien-être des animaux de l'ANSES explique que "les connaissances scientifiques disent que les animaux sont des êtres sensibles. Considérer leur ressenti quand on parle de leur bien-être est important". Elle évoque également l’aspect réglementaire, tant en Europe qu’en France bien qu’ il n’existe pas de législation européenne encadrant l’étiquetage en matière de bien-être animal.
Certaines associations de protection animale n'adhèrent pas à cette initiative. Johanne Mielcarek, chargée de campagne pour L214, nous explique la position son association. Elle félicite l’ANSES d’avoir mis en lumière “la reconnaissance que les conditions d’élevage et de mise à mort des animaux sont un sujet d’intérêt dans la société et qu’il est important de s’y pencher”. Pourtant, L214 ne soutient pas le projet de l’ANSES, l’estimant insuffisant : “La question du libre choix des consommateurs est biaisé, même si on a un étiquetage sur le bien-être animal, cela n’empêche pas le marketing de biaiser cette situation avec des slogans, des allégations, des images très positives d’animaux qui ont l’air d’aller très bien", explique Johanne Mielcarek. L’association estime également que cela ne peut améliorer en rien la qualité de vie et d’abattage des animaux et donc des produits que nous consommons. Au contraire, elle avance que c’est une façon de "masquer l’inaction du gouvernement".
Yohann Barbe, agriculteur, président de l’Union des producteurs de lait dans les Vosges et porte-parole de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) témoigne des réticences du syndicat sur cette nouvelle proposition d’étiquetage. Elle craint que cela n'alourdisse le message pour les consommateurs ainsi que la charge de travail pour les producteurs “parce qu’on estime que tout le monde doit être engagé sur du bien-être animal, on ne voit pas trop l’intérêt d’aller vers un étiquetage”. Le porte-parole réclame que les normes soient les mêmes dans l’ensemble de l'UE : "Il nous faut absolument une visibilité européenne sur la question", afin de ne pas pénaliser les agriculteurs français : “on ne veut pas plus de contraintes que nos collègues européens”.
À l’échelle européenne, d’autres pays disposent d’un Nutri-Score similaire. C’est pourquoi l’UE avait eu l'intention de créer un étiquetage harmonisé pour tous les pays. Mais la Commission européenne a finalement abandonné cette idée. L’ANSES s’est donc auto-saisie de la question en France.
Avec cette initiative, elle espère ouvrir le débat parmi les différentes associations et éveiller les consciences dans la société pour étendre l’étiquetage à toute l’UE.
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