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Vieillissement : "Il faut déghettoïser les personnes âgées pour ne pas qu’elles se sentent seules, inutiles"

RCF, le 17 juillet 2023 - Modifié le 29 mai 2024
Où va la vie ? La bioéthique en podcastLes enjeux bioéthiques de l'élection présidentielle (4/4) : Le vieillissement et la fin de vie

La pandémie l'a montré, ce sont les relations qui nous font vivre. Dès lors, la question du vieillissement, fortement mise en lumière avec le scandale des Ehpad Orpéa, pourrait être un projet rassembleur pour les candidats à l'élection présidentielle. Il se murmure d'ailleurs que le candidat Emmanuel Macron pourrait en faire l’un des points importants de sa campagne... On en parle avec Bruno Saintôt, prêtre jésuite, directeur du département d'éthique biomédicale du Centre Sèvres.

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Vieillissement et fin de vie : un pas à gauche pour le candidat Macron ?

 

Il se murmure qu’Emmanuel Macron pourrait en faire l’un des points importants de sa campagne. La question, éminemment politique, des conditions du vieillissement et de la fin de vie est, selon les analystes, un marqueur de gauche. Or le candidat à sa réélection s’est beaucoup marqué à droite. On peut supposer qu’il tentera de se marquer à gauche en abordant ces sujets. 

 

Parler du vieillissement, c’est aussi l’occasion de rassembler autour d’un projet commun, puisqu’après tout chacun est concerné. Un sujet d'autant plus crucial que nous sommes "en pleine menace d’éclatement du social en différentes factions, groupes, qui n’arrivent pas à faire du commun", observe Bruno Saintôt, prêtre jésuite, directeur du département d'éthique biomédicale du Centre Sèvres. Prendre soin de nos aînés c'est pour lui "une question de ciment social".

 

Fin de vie : l’euthanasie est-elle une liberté à acquérir ? 

 

La fin de vie, cependant, est une question qui divise car rapidement on en vient à la question de l'euthanasie. Ses partisans mettent en avant une question de liberté personnelle. Comme le déclarait Michel Lee Landa en 1979 : "Comment peut-on se dire libre et maître de son destin si l’on ne peut éviter la déchéance, sinon par un suicide solitaire préparé en secret et dont l’issue n’est jamais certaine ?" Si le suicide n’est plus une liberté mais un droit, "ça va poser énormément de problèmes", alerte le jésuite.

 

Qui arbitrera ? Qui pratiquera l’acte ? Il faudra toujours l’assistance d’un médecin, ne serait-ce que pour constater ou autoriser. Or il y a chez les soignants "une réticence profonde", selon Bruno Saintôt. Il rappelle que jusqu’à présent, le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) mais aussi l'Association médicale mondiale (AMM) et l’Académie de médecine "ont dit non". L'expert en bioéthique suggère aux parlementaires de "faire des stages en soins palliatifs, pour savoir exactement de quoi il retourne…"

 

Il faut déghettoïser les personnes âgées pour ne pas qu’elles se sentent seules, inutiles

 

Trouver des alternatives aux Ehpad

 

"Une des leçons de la pandémie c’est que les relations nous font vivre et nous tiennent dans l’existence." C’est d’ailleurs ce qui est inscrit dans l’avis 128 du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) de 2018 sur les enjeux du vieillissement. Avis qui énonce clairement : "Quel sens à la concentration des personnes âgées entre elles, dans des établissements dits d’hébergement ?" Et qui souligne "qu’il faut tisser du lien, notamment entre les générations", nous dit Bruno Saintôt qui en recommande la lecture.

 

Qu’est-ce qui fait que nous prenons soin des personnes les plus âgées ? Le récent scandale des Ehpad Orpea a mis en lumière les conditions de vie dans ces établissements. Et la nécessité de changer de modèle. "Il faut déghettoïser les personnes âgées pour ne pas qu’elles se sentent seules, inutiles." Qui n'a jamais entendu son grand-oncle ou sa grand-mère dire qu’il ou elle se sent seul(e), a le sentiment de ne plus servir à rien ou d'être un poids pour ses proches ? Pour Bruno Saintôt, il faut trouver des alternatives aux Ehpad, par exemple des solutions comme l'habitat intergénérationnel, qui permet de tisser les liens. "Il faut essayer de contribuer à un lien qui nous maintienne vivants tous ensemble dans la reconnaissance mutuelle."

 

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