LE POINT DE VUE DE STÉPHANE VERNAY - C'est un triste anniversaire. Cela va faire 10 ans qu'une vague terroriste s'est abattue sur la France. Stéphane Vernay fait le point sur la situation. À un moment où l'Allemagne et les États-Unis subissent des attentats terroristes, la France est-elle prête à contrer la menace ?
Il sera beaucoup question, cette semaine, de l'attaque de la rédaction du journal Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015. Douze personnes furent lâchement assassinées ce jour-là. Cinq autres furent tuées le lendemain et le surlendemain, au nom de Daesh. Trois cérémonies en hommage à ces 17 victimes du terrorisme islamiste se tiendront à Paris, à proximité des anciens locaux de la rédaction de Charlie Hebdo et du magasin Hyper Cacher, pris d'assaut il y a dix ans de celà. Ce sera sobre, conformément au souhait des familles, mais il me semble essentiel d'en parler aujourd'hui.
10 ans, c'est une génération. Pour la jeunesse de ce pays, ce qui s'est passé les 7, 8 et 9 janvier 2015 appartient déjà plus à l'histoire qu'à la mémoire. Ces attentats abjects, tout comme la tuerie du Bataclan, le 13 novembre 2015, les attaques aux terrasses des cafés et au Stade de France, ou l'horreur de la Promenade des Anglais, à Nice, le 14 juillet 2016, avaient le même objectif : diviser les Français. Nous dresser les uns contre les autres. Générer un sentiment de haine, de rejet à l'encontre de nos compatriotes musulmans, en espérant susciter chaos et guerre civile. Et c'est l'inverse qui s'est produit. Plus de 4 millions de personnes ont défilé dans les rues, dès les 10 et 11 janvier 2015, pour dire leur solidarité comme leur refus de toute violence. Il n'y avait pas eu pareille mobilisation populaire, en France, depuis la Libération. Les barbares n'ont pas eu notre haine et le pays à tenu bon. C'est de celà dont il faut se souvenir aussi. Parce que rien ne dit, 10 ans après, que notre vieux pays saurait réagir avec autant de force et de solidité qu'à l'époque.
Les fractures politiques et sociales qui se sont creusées chez nous ces dernières années. Le communautarisme et le repli sur soi ont progressé tandis que le souci de l'autre et de l'intérêt général se sont étiolés. Le recours à la violence, verbale, parfois physique, est devenu chose commune. On se parle mal, on ne se respecte plus. Les valeurs de la République, comme la liberté d'expression, la laïcité, pourtant garante de la liberté de conscience et de croyance, ou l'égalité hommes-femmes, sont de plus en plus contestées. Les termes du débat public se sont considérablement dégradés et les extrêmes, en politique, ont prospéré. C'est tout ça qui me laisse à penser que nous sommes sans doute collectivement plus fragiles qu'il y a 10 ans. Mais tout n'est pas perdu pour autant. La fraternité est une vertu qui peut s'apprendre et s'entretenir. Notamment en se souvenant de toutes les fois où les Françaises et les Français se sont montrés exemplaires face à l'adversité. La tragédie de janvier 2015 est de ces moments-là.
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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