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Crues dans le nord : l'urgence, par Benoist de Sinety

Un article rédigé par Benoist de Sinety - RCF, le 22 mars 2024 - Modifié le 22 mars 2024
Tribunes chrétiennesCrues dans le nord : l'urgence, par Benoist de Sinety

LA CHRONIQUE DE BENOIST DE SINETY - Depuis 4 mois, le nord de la France est immergée dans l'eau. L’Aa ne cesse de déborder. Dans un silence qui ne cesse d’étonner. Le pays semble dépassé par cette catastrophe naturelle pourtant prévisible depuis 50 ans. Benoist de Sinety appelle à agir chacun de notre côté pour tenter de sauver les générations futures. 

Benoist de Sinety ©HansLucas - P GaillardinBenoist de Sinety ©HansLucas - P Gaillardin

"Avec ma petite pompe qui tourne tous les jours depuis des semaines, ça ne suffit pas... J’essaye de trouver des seaux pour sauver mes affaires..." la dame pleure. Elle n’en peut plus de retenir ses émotions. Les gens sont fiers, en tout cas ils ne veulent pas se donner en spectacle aux caméras qui parfois guettent les larmes comme une promesse d’audience.

Les crues bientôt oubliées...

L’Aa ne cesse de déborder. Le nord de la France ne cesse d’écoper depuis quatre mois. Dans un silence qui ne cesse d’étonner. Par ci par là des petits reportages d’ambiance quand on ne peut pas cacher qu’une nouvelle crue a lieu. Mais finalement peu de choses. Comme si ce qui se passe mettait tout le monde mal à l’aise : les municipalités qui ne veulent pas donner une mauvaise image et qui surtout craignent la fuite des populations, les élus qui sont dépassés, Paris qui promet mais ne tient pas sa parole de simplification et d’aide d’urgence... Un certain nombre de projections soulignent le risque pour tout le littoral du dunkerquois, du calaisis et de l’audomarois d’être submergés par la montée des eaux à l’horizon 2100. 

Tribunes chrétiennesCrues dans le nord : l'urgence, par Benoist de Sinety

Sans doute trop tard pour endiguer suffisamment l’inexorable. Mais pas trop tard pour se lancer dans une politique immobilière ambitieuse pour reloger ceux qui sous nos yeux perdent tout. Maisons achetées à crédit et désormais sans valeur, fondations gonflées d’eau et explosées par le gel de l’hiver dernier : ce sont là encore les plus pauvres qui souffrent le plus. Car ce sont eux aussi dont les demeures sont souvent édifiées dans les zones les plus improbables.

L'eau, un défi pour l'avenir 

Là encore, nul ne peut dire qu’il est pris par surprise. Comme pour les déplacements de population et les vagues de migration qui en découlent, les choses ne surgissent pas brusquement. Depuis des années, des experts, des colloques, des rapports avertissent. Mais les pluies abondantes des six derniers mois dans une grande partie du territoire nous font plaisanter sur la réalité de ces phénomènes : un réchauffement ? allons donc, vous avez vu le ciel ? Il pleut tous les jours !

C’est refuser de voir que l’Espagne brûle comme d’ailleurs les Pyrénées, sous un soleil cruel. C’est refuser d’entendre qu’au Maroc, il n’est plus rare, même dans les hôtels de luxe, que les douches soient coupées faute de réserve d’eau suffisante...

L’eau... Tout le monde depuis 50 ans annonce qu’elle est le défi absolu de l’avenir. Non pas comme confort mais comme condition de vie. La petite dame qui pleure doucement en regardant cette eau monter pour la quatrième fois en cinq mois nous provoque à sortir de nos conforts d’hommes repus. "Ils ont des oreilles, des yeux... et ne voient rien, n’entendent rien...".

La question écologique nous déborde de partout. Elle devient si angoissante que notre cerveau se ferme lorsqu’elle surgit. Aucun de nous ne peut à lui seul apporter solution et remède. Mais chacun, nous pouvons déjà agir, par nos décisions personnelles, par une sobriété encore bien timide, par des choix de consommation, sur ce que nous voulons transmettre aux générations futures, ou si nous les abandonnons à leur sort.

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