God save the King ! L’engouement pour le couronnement de Charles III a en effet dépassé les seules frontières du Royaume-Uni. Dans l’Hexagone, près de 9 millions de Français se sont calés devant leur téléviseur, semblant oublier que leurs ancêtres avaient guillotiné leur roi.
Tentons ensemble d’aller au-delà du faste et de la solennité de cet événement, premier couronnement d’un monarque britannique depuis soixante-dix ans. La profonde vie de foi de la reine Elizabeth II était restée discrète, mais le rite immuable du couronnement de son fils, teinté de quelques accents de modernité et d’une touche d’œcuménisme, a permis de redécouvrir le lien entre pouvoir et service. Certes, le parcours de Charles est loin d’être linéaire, mais il a reçu la couronne de saint Édouard, après avoir été oint de l’Esprit saint, avec une humilité manifeste. À 74 ans, le nouveau roi avait eu le temps, en effet, de méditer le sens de son engagement au service de la justice et du droit.
"Nous sommes ici pour couronner un roi, et nous couronnons un roi pour qu’il serve", a rappelé l’archevêque de Canterbury. "Ce qui est donné aujourd’hui l’est pour le bénéfice de tous, a précisé Justin Welby, car Jésus-Christ a annoncé un Royaume dans lequel les pauvres et les opprimés sont libérés des chaînes de l’injustice. Les aveugles voient. Les blessés et les cœurs brisés sont guéris." Un instant, sous les voûtes de l’abbaye de Westminster où résonnaient les chœurs d’enfants, des chefs d’État du monde entier - dont le nôtre - installés dans l’assemblée n’ont pas cru être concernés. Jusqu’à ce que Justin Welby affirme que "ce Royaume fixe les objectifs de tout gouvernement juste, de toute autorité". Nul besoin donc d’être couronné pour exercer le pouvoir politique avec sens du service et de l’autre.
C’est pourtant la signification même de l’engagement politique, le vrai, loin des luttes partisanes et des visées égoïstes. N’en déplaise, de notre côté de la Manche, au leader des insoumis, Jean-Luc Mélenchon, qui n’a vu dans le sacre de Londres que "les sirops dégoulinants de la monarchie". Il y avait donc une leçon à retenir, au-delà de la personne même du roi, dans son engagement à servir et non à être servi, à veiller sur la concorde et l’unité des peuples.
Cela semble parfois si lointain, plus encore lorsque la guerre secoue à nouveau l’Europe. En Hongrie, le pape François exhortait récemment les responsables politiques européens à s’inspirer des pères fondateurs, "des hommes d’État qui ont su regarder au-delà de leur époque, au-delà des frontières nationales et des besoins immédiats, en mettant en œuvre des diplomaties capables de recoudre l’unité et non d’élargir les déchirures". C’est d’hommes qui suivent leur conscience dont l’Europe a besoin, servant le bien commun. Comme un certain Thomas More qui, en son temps, déplut à son souverain pour, d’abord, servir Dieu. Ce n’est pas pour rien que cet autre Anglais, canonisé celui-ci, est le saint patron des responsables de gouvernement !
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