Une enquête réalisée par l’Ifop entre le 9 et le 21 janvier 2023, auprès de 3.155 personnes de 15 ans et plus, a retenu mon attention. Elle dresse un tableau actualisé du visage du bénévolat en France. Que nous dit-elle ?
Le visage du bénévolat s’est rajeuni. C’est un fait intéressant tant on vit avec l’idée qu’il y a un gros problème de relève au sein du monde associatif. Les chiffres semblent démontrer l’inverse. En janvier 2023, 38% des Français et des Françaises déclaraient donner de leur temps, majoritairement dans une association mais aussi dans une autre structure, qu’elle soit une Église, une école, une mairie... Si la crise sanitaire avait fortement perturbé la situation, on semble être revenu à un niveau encourageant.
Fait surprenant, la tranche d’âge la plus représentée est celle des moins de 35 ans. Ils sont 31% et passent devant les 65 ans et plus. Comment l’expliquer ? Il est possible qu’éloignées de leurs engagements à cause des risques sanitaires, les personnes retraitées aient eu du mal à reprendre le chemin du bénévolat. Des attitudes plus hédonistes peuvent également jouer, la marche ou la pratique du yoga remplaçants les engagements sociaux d’hier.
Pour pallier le déficit croissant de responsables, qui demeure, ne serait-il pas utile de mieux faire connaître le mécénat de compétences qui permet à des individus proches de la retraite de se mettre au service d'associations, tout en restant salariés ?
Autre piste : le bénévolat, par sa grande souplesse, peut être un terrain d’expérimentations de nouvelles formes de gouvernance, telles les présidences partagées, tournantes, les binômes sur les postes... C’est ce que nous expérimentons dans l’association d’aide aux réfugiés que je co-préside. La charge mentale repose sur deux individus, les décisions sont discutées et le recours au collectif limite une trop grande personnalisation de la représentation.
Enfin, comment lutter contre "la fracture associative", selon les mots des experts Recherches et solidarités, à l’origine de l’étude ? Celle-ci montre en effet que les bénévoles sont majoritairement détenteurs de diplômes plutôt élevés. Trop d’individus sont ainsi privés d’une source d’épanouissement et d’acquisition de compétences. Quant aux associations, elles passent à côté de soutiens potentiels.
Les tenants de l’empowerment, ce mot impossible à prononcer, qui renvoie à la prise en charge de sa propre vie, en lieu et place de l’assistanat, militent en ce sens. Ils réfléchissent aux meilleures façons de sortir de la posture de surplomb des bénévoles pour trouver la voie d’un "faire ensemble" plus prometteur...
Sur le sujet
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- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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