Plus de tentes devant le Conseil d’État, au cœur de Paris, le moins possible le long de nos côtes de Mer du Nord et de Manche : l’opération “mise à l’abri” bat son plein. En lien avec un discours gouvernemental sur la question des migrants qui se veut plus responsable. Comme si on cherchait à sortir enfin du slogan pour regarder le réel. Enfin…
Bon, évidemment, on s’étonnera que dans certaines régions, en haut de la carte de notre pays, les décisions préfectorales soient appliquées avec une forme de légèreté un peu troublante : on met les gens à l’abri, mais on feint de penser que la responsabilité de l’État n’est pas de les nourrir là où on désire qu’ils séjournent.
On pourra aussi s’attrister que, finalement, la question de l’accueil ou non de ces personnes ne prennent comme seuls critères que ceux liés à l’économique. Mais n’est-ce pas ce qu’est devenu notre société dont les seuls critères qui permettent d’en mesurer aujourd’hui la progression sont les indices financiers ? On juge un homme d’abord sur sa rentabilité, c’est ainsi.
Dans le discours de notre Ministre de l’Intérieur l’autre jour, à l’Assemblée, très finement rédigé, une phrase aurait pu faire sursauter. Il y évoquait les métiers en tension pour lesquels une main d’œuvre étrangère semblait nécessaire. Et voici que parmi ces professions, il en cita une que nul ne s’attendait à entendre être énoncé : prêtres !
Chacun de ceux qui se rendent à l’église sait parfaitement que le clergé qu’il y rencontre lui permet de voyager aux quatre coins du monde !
C’est l’occasion de leur rendre hommage, à ces frères et sœurs (car il y a aussi nombre de religieuses) qui viennent raviver la flamme de la foi dans ce doux pays de France !
D’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et même d’Océanie, ils traversent le monde pour venir dans nos villes et nos campagnes. Choc culturel, rencontre avec une réalité ecclésiale, sociale, qui n’a souvent rien à voir avec celle qu’ils ont laissée. Il faut les interroger à ce sujet, les écouter dire ce qu’ils découvrent en rencontrant et accepter d’en être parfois dérangés.
Il faut aussi réentendre cette vérité : si l’on supprime tous les visas alors, on se passera aussi d’eux. “Mais non, eux c’est différent” : j’en entends qui murmurent cela, et qui le croient. Détrompez-vous, il n’en est rien. Ils connaissent les mêmes galères pour obtenir et faire prolonger leur demande de séjour. Ils subissent les mêmes refus aussi parfois, sans aucune explication. Ils sont traités dans les files d’attentes avec la même indifférence.
Au milieu du troupeau d’étrangers, ils y entendent les mêmes insultes et se voient suspectés des mêmes déviances. Car les invectives publiques ne font pas acception de personnes, pas plus que le soupçon ne distingue dans la masse incriminée ceux qui le méritent et ceux qui ne le méritent pas. Pensez-y lorsque vous expliquerez à votre curé congolais qu’il y a trop d’étrangers en France…
On se moque parfois de leurs accents et on se plaint de ne pas les comprendre, on s’impatiente de leurs manières parfois si étrangères aux nôtres et on les leurs reproches. On oublie aussi souvent de les rencontrer en vérité, de nouer avec eux une relation humaine qui manifeste un peu de la chaleur qu’ils ont laissé au pays. On les considère même parfois comme un dû : comme si on nous devait quelque chose.
Et si on commençait par les remercier ? En comprenant que lorsqu’on parle de l’étranger, on parle d’hommes et de femmes qui sont en tous points nos égaux. Et qui prennent parfois le visage du curé qui célèbre les funérailles de nos parents ou de la sœur qui fait le catéchisme aux enfants du quartier…
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