Édito de Julien Dezécot - L'Europe fait évoluer sa législation sur le bien-être des animaux d’élevage

Le week-end dernier, sept ONG de protection animale ont donné rendez-vous aux députés français de tous partis politiques devant l’Assemblée nationale, pour interpeller ensemble le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau. Qu’elles sont leurs revendications ? Ces sept organisations militent pour une meilleure prise en compte du bien-être des animaux, dont l’association Welfarm, avec laquelle notre revue est partenaire pour ce nouveau numéro dédié à la condition animale, un sujet devenu éminemment politique dans le débat sociétal actuel.

 

Ces associations demandent au ministre de soutenir à Bruxelles une révision complète et ambitieuse de la législation en faveur du bien-être animal, dont la législation sur l’abattage des animaux d’élevage. Face aux réticences fortes des acteurs de l’agro-industrie et à la frilosité du ministre, les ONG veulent également faire valoir les attentes du public dans le débat. Cette révision serait une occasion historique selon les ONG, pour engager la transition nécessaire de nos systèmes d’élevage.

 

En effet, une enquête IFOP réalisée les 8 et 9 mars derniers montre l’adhésion massive des Français concernant la révision de la législation européenne pour améliorer le bien-être des animaux... Les Français semblent en effet largement favorables à une évolution de la législation en faveur du bien-être animal. Selon ce récent sondage, 92% des Français proches de la  majorité présidentielle et 91% des Français proches des partis de gauche soutiennent ainsi la mise en place d’un étiquetage obligatoire qui signalerait l’engagement de l’industriel en faveur du bien-être animal, une forme de nutriscore en somme, dont l’expérimentation a déjà été réalisée avec succès dans l’enseigne Casino depuis 2018, en lien notamment avec l’association CIWF, également signature avec Welfarm d’une récente lettre ouverte au ministre de l’Agriculture.

 

Autre résultat de cette étude : près de 90% des Français soutiennent l’interdiction de l’élevage en cage dans toute l’UE et environ 80 % souhaitent l’amélioration des conditions d’abattage des poissons. Autrement dit, il y a une véritable adhésion à une révision de la législation sur la protection animale, et ce, quelles que soient leur convictions politiques !

 

Dans notre nouveau numéro dédié à la condition animale, nous faisons intervenir plusieurs philosophes qui questionnent l’évolution de notre rapport aux animaux... En filigrane de cette évolution de l’opinion, notre humanité est ébranlée. Pouvons-nous disposer à notre guise des animaux ? Les maltraiter à l’infini ? Sont-ils nos alter égaux ? Peut-on aimer les animaux et les manger ? Les observer dans un zoo ou un cirque est-il de la maltraitance ? Et pourquoi ne pas arrêter de
"gérer" le monde sauvage ? Plusieurs voix philosophiques s’élèvent en effet dans ce nouveau numéro. De Florence Burgat à Dominique Bourg, en passant par Jean-Philippe Pierron et le couple Kremer-Cochet, les réponses proposées divergent.

 

Devenir végétariens, sortir de l’élevage intensif pour de l’extensif en diminuant drastiquement notre consommation de viande, donner de véritables droits juridiques aux animaux, laisser au sauvage sa place dans la nature... Quelles que soient les transitions collectives que nous choisirons, tous s’accordent pour affirmer que nous ne pouvons plus continuer ainsi.

 

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