Édito de Patrice de Plunkett - Ce qui se passe actuellement en Israël est étrange

En effet la fragile majorité Likoud dirigée par Netanyahou dépend de deux alliés qui sont deux groupes extrémistes : 18 députés ultra-orthodoxes, qui veulent transformer Israël en théocratie et annexer l’esplanade des mosquées de Jérusalem ; et 14 députés d’ultradroite, qui veulent carrément annexer les territoires palestiniens.

 

Ces deux groupes ont également déclenché une tornade en voulant obtenir que Netanyahou ôte ses pouvoirs à la Cour suprême d’Israël. Netanyahou a cédé. Il a lancé cette réforme. C’était une menace contre l’état de droit, et cette affaire a cassé en deux la société israélienne, les adversaires de la Cour suprême affrontant dans la rue ses défenseurs... Pour calmer les émeutes, Netanyahou a dû suspendre la réforme. Mais maintenant, c’est contre les Palestiniens que les ministres ultras déclenchent une nouvelle guérilla : ce qui mène Israël à bombarder de nouveau le Sud-Liban et la Syrie…

 

Et tout ça s’accompagne d’un effondrement de la grande politique extérieure qu’Israël avait failli réussir en s’alliant avec l’Arabie saoudite contre l’ennemi commun iranien. Rien ne va plus ! L’Iran et l’Arabie saoudite se réconcilient : fin avril, le président iranien sera l’invité du roi d’Arabie saoudite. Le 6 avril, les ministres iranien et saoudien ont ouvert la voie aux relations diplomatiques. Et où s’est passée l’entrevue ? À Pékin. Car ce coup de théâtre, le rapprochement irano-saoudien, est parrainé par la Chine !

 

Xi Jinping devient ainsi un acteur majeur au Moyen-Orient comme en d’autres lieux de la planète… Et là c’est un coup dur pour les États-Unis, qui reprochent à Netanyahou d’avoir gâché une situation que Washington trouvait excellente. Gâchis qui provient uniquement, on l’a vu, du chantage exercé par deux partis extrémistes sur un Premier ministre qui voulait absolument revenir au pouvoir – cela pour des raisons très personnelles : car il y a aussi cet aspect de la question.