LE POINT DE VUE DE JOSEPH THOUVENEL - La pauvreté est de plus en plus visible en France : misère de la rue, mais aussi misère cachée. Joseph Thouvenel, directeur de la rédaction de capital social, appelle à des actions concrètes pour combattre cette grande précarité.
Je suis frappé, comme beaucoup, par la montée de la pauvreté visible dans notre pays. Ces personnes qui dorment à même le sol, ceux, jeunes ou moins jeunes, qui font la manche. Sur certaines lignes de métro, à peine un solliciteur est descendu qu'un autre le remplace. Sur les boulevards extérieurs, des jeunes femmes originaires de l'est de l'Europe, d'Afrique ou d'Asie sont contraintes à la prostitution. Et je ne parle que du plus visible. Combien de misère cachée, notamment dans nos campagnes ?
Concrètement, il faut abord regarder la réalité en face et préférer l'action réaliste, quotidienne, solide et durable aux effets d'annonces, colloques et autres proclamations grandioses et stériles. Comment se satisfaire de voir une famille de 4 personnes s'entasser depuis des années dans 14m2 pour un loyer mensuel de 3000€ ? Loyer largement couvert par la Caisse d'Allocations familiales. Statistiquement, le Préfet est content : "L'action publique a permis de sortir de la rue une famille en grande précarité". Pour régler une situation d'urgence, je veux bien, mais maintenir 4 personnes pendant plusieurs années dans de telles conditions est indécent et ruineux. Avec 3000€ par mois, au risque de peiner le "Thénardier" qui encaisse le loyer, il n'y a pas mieux à faire ? Et des cas comme celui-là, je n'en connais pas qu'un seul. Mettre le paquet pour éradiquer la traite des êtres humains sous toutes ses formes, est-ce impossible ?
Quand d'évidents mafieux, avant d'aller claquer un mois de salaire minimum en 10 minutes dans une boîte de nuit, déposent sur les trottoirs de la capitale des malheureuses à moitié nue, est-il utopique d'espérer voir mis hors d'état de nuire ces exploiteurs après un contrôle sur l'origine de leurs ressources ?
Diminuer le subventionisme de copinage pour aider au logement et à l'insertion ne doit pas être impossible. Rappelez-vous le scandale du fond Marianne et les 2,5 millions d'euros du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation qui finança des actions bien éloignées de la lutte contre la délinquance ou le djihadisme.
Développer la coopération avec les pays les plus pauvres, tout en veillant à ce que les moyens déployés ne servent pas à engraisser intermédiaires véreux et potentats cupides, ne doit pas être au-dessus de nos forces.
Il appartient à l'État d'impulser une politique d'accueil des étrangers, responsable et raisonnée ; en faisant preuve de "prudence" selon les termes du Pape François qui a rappelé que "la promotion humaine des migrants et de leurs familles commence dans la communauté d'origine, là où doit être garanti, en même temps que le droit de pouvoir émigrer, aussi le droit de ne pas devoir émigrer, ainsi que le droit de trouver dans sa patrie les conditions qui permettent une digne réalisation de l'existence".
Notre impératif moral "un accueil responsable et digne" dans "des lieux adéquats et convenables" pour les migrants, le devoir de "ne pas se fermer à la culture et aux traditions des pays hôtes" et à "respecter les lois" comme l'a affirmé le Saint-Père.
Non seulement tout cela n'est pas insensé, mais c'est juste indispensable.
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