LE POINT DE VUE DE BLANCHE STREB - Alors que le Premier Ministre Michel Barnier a évoqué la possible réouverture du débat sur la fin de vie en France, Blanche Streb, revient sur les causes et les conséquences de ce point de discorde. Pour elle, le génie humain et la fraternité sont heureusement toujours bien vivants.
Débattu avant l'été, le projet de loi fin de vie avait été interrompu brutalement. Cette funeste loi qui se tramait, la pire du monde comme certains s’en étaient émus, à raison, a été enterrée par la dissolution. Mais le premier ministre l’a évoquée mardi dans son discours de politique générale. Il parle d’une reprise du dialogue sur le dossier grave de la fin de vie.
Mais on ne sait pas si cela signifie repartir de zéro ou exhumer ce projet de loi dangereux et controversé. Vos confrères de La Croix ont questionné Matignon qui a fait cette réponse, je vous la lis : « Dans les prochaines semaines, et dans l’esprit transpartisan que le premier ministre appelle de ses vœux, des discussions vont avoir lieu avec les parlementaires, les soignants, les familles et les associations pour déterminer le calendrier et la base sur laquelle sera relancée la discussion à partir de janvier 2025 ».
Mais est-ce qu’un texte sur l’euthanasie et le suicide assisté serait une priorité ? Oui, tout est possible. Et bien sûr que non, ce n’est ni une priorité politique, ni une priorité sanitaire, ni une priorité pour les français eux-mêmes.
Une Etude sur les principales attentes des français face à ce nouveau gouvernement montre qu’elles concernent d’abord le pouvoir d’achat et en seconde place, la santé, avec 62% des réponses. La fin de vie arrive seulement en 15ème place.
En fait, non seulement ce n’est pas une priorité. Mais ce serait un scandale de remettre la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté sur la table, vu l’état de notre pays. Il faut commencer par sauver le système de santé, ça c’est une obligation vitale quand on sait qu’un tiers de la population n’a pas accès aux soins. Les vrais devoirs politiques urgents sont l’inclusion des personnes handicapées, le financement du grand âge et des situations de dépendance.
Sur la fin de vie, l’urgence, c’est les soins palliatifs pour tous. Tous les soignants le disent : quand une personne est bien accompagnée, bien soulagée, les demandes d’euthanasie, déjà rares, s’effacent.
Le premier ministre en a aussi justement parlé, des soins palliatifs. Matignon a confirmé que leur développement ferait l’objet d’un soutien marqué, notamment financier. Espérons que les actes soient à la hauteur. On verra cela dans le plan de financement de la Sécurité sociale attendu la semaine prochaine.
Je finis en évoquant une initiative géniale. Pour lutter contre les déserts médicaux, des médecins ont créé un système pour se relayer dans les zones rurales sous dotées. Ça s’appelle « médecins solidaires ». Il y a déjà 4 centres et 480 généralistes engagés.
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