LE POINT DE VUE DE BLANCHE STREB - Pour son dernier point de vue de l’année, Blanche Streb parle de la joie. Parce que la période est assez morose. Pas besoin de détailler… Et si on trouve que c’est futile ou inutile, voire indécent de parler de joie aujourd’hui, c’est surement que c’est le bon moment de le faire. Notre temps, et nous, et moi…on a tellement besoin de joie. Et puis, vous le disiez, c’est le dernier édito. Et comme j’ai eu beaucoup de joie cette année aux côtés de Pierre-Hugues Dubois, ça me semblait assez naturel !
En pensant à ce sujet, c’est la couverture d’un livre que j’ai dans ma bibliothèque qui m’est venu en tête. On y voit le visage resplendissant d’un enfant des rues de Manille. Un enfant pauvre au sourire éclatant, au regard pétillant. Ce livre, c'est Le prodigieux mystère de la joie de Mathieu Dauchez.
Vraiment. Elle ne va pas toujours de soi, et pourtant je suis sure qu’on a déjà tous fait cette expérience qu’il existe une sorte de joie plus profonde, plus intérieure, que rien n’enlève. Pas même l’épreuve. C’est même une parole du Christ : "Votre joie, personne ne vous l’enlèvera".
Oui. Parce qu’on n’arrive pas toujours à lui laisser sa place. Quand on s’est levé du mauvais pied, qu’on est fatigués, qu’il pleut encore pour la millième année… et quand des choses vont mal, ou font mal. Et même, et ça, c'est toute l’histoire de nos paradoxes humains, on n’arrive pas toujours à lui faire une place quand tout va bien, ou dans la banalité du quotidien. Au fond, la joie, comme l’émerveillement, comme l’espérance, sont des actes de résistance intérieure. Elle se cultive, se reçoit, se partage. C’est votre slogan et la vocation, de RCF d’ailleurs !
D’abord y penser ! Il y a dans ce petit mot "joie", quand on le prononce, un petit peu d’elle qui s’invite, déjà. Et, comme l’écrit le philosophe Martin Steffens, en n’oubliant pas que "la joie a à voir avec ce don que l’on est à soi-même. Inscrite dans la pulsation même de notre vie, elle n’est jamais si loin, même si elle exige une conversion du regard. La joie apparaît alors moins comme une occasion à saisir que comme une façon de saisir toutes les occasions."
Oui, pourquoi pas lire le merveilleux Petit traité de la joie (ed. Salvator) de Martin Steffens. Un petit bouquin qui fait du bien, que je le relis fidèlement chaque été. Il est tout usé maintenant.
Et j’avais envie de finir sur un morceau d’un poème qui conclut mon dernier livre sur l’émerveillement:
"Rappelle-toi que le bonheur, sur cette terre, ne nous est pas promis,
Mais que par une seule parole, tu peux être guéri,
Et qu’au détour des souffrances comme des fêtes,
Adviendra ce que personne ne te volera : la joie parfaite."
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