LA CHRONIQUE DE MARIE-HÉLÈNE LAFAGE - La Cour des comptes a remis ces derniers jours son Rapport annuel 2024, consacré cette année aux politiques d’adaptation face au changement climatique. L’adaptation, c’est se préparer à faire face aux impacts multiples du changement climatique, qui sont de plus en plus visibles au quotidien.
Les multiples impacts du changement climatique sont de plus en plus visibles au quotidien. On le constate par des événements ponctuels comme les sécheresses, les canicules ou les inondations, mais c’est aussi, en continu, par la baisse de la ressource en eau, les saisons qui évoluent, les arbres qui meurent, la mer qui monte sur le littoral.
Les changements climatiques vont nécessiter de profonds changements de société. Les agriculteurs et agricultrices le savent d’ailleurs depuis longtemps. Il ne s’agira pas seulement d’arrêter de faire du ski : il va falloir transformer notre manière de construire les villes, notre agriculture, les rythmes de vie et de travail.
Ces changements, s’ils ne sont pas anticipés, ils vont nous coûter cher. Plus on tarde, plus les choix seront restreints, moins on pourra les discuter collectivement, plus les impacts seront forts, et plus la facture de l’impréparation sera lourde. Il est donc légitime que la Cour des comptes se penche sur le sujet. C’est une vraie question de dépense publique !
Les deux doivent évidemment aller de pair ! Ce serait profondément incohérent de mettre en œuvre des politiques pour faire face aux impacts sans tout faire, en premier lieu, pour les limiter. Autrement dit : on ne déclenche pas l’airbag d’une voiture qui fonce droit dans un mur sans appuyer sur la pédale de frein. Le gouvernement est attendu, d’abord, sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, où il est en retard. Mais nous devons aussi être réaliste face aux impacts toujours plus grands du changement climatique, face aux transformations d’ampleur que cela implique. Les collectivités vont devoir agir localement, mais l’État va aussi devoir jouer son rôle de stratège.
C’est pourquoi la Cour des comptes a évalué son action sur un ensemble de chantiers : l’adaptation des infrastructures routières et ferroviaires, le recul du littoral ou la gestion des forêts, et plus globalement, sur la planification de l’adaptation. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’État n’est pas au rendez-vous !
Ne pas engager ces dépenses aujourd’hui sera bien plus problématique pour nos finances demain, surtout lorsqu’il faudra payer les conséquences sanitaires des canicules, les pertes financières pour l’agriculture, le relogement des populations victimes de l’érosion côtière. Certaines actions à mener sont aussi positives sur plusieurs tableaux, et elles sont à mettre en place sans tarder. Mieux isoler les logements c’est positif pour le climat, face aux coûts de l’énergie et face aux canicules. Végétaliser les villes c’est bon pour la biodiversité, face aux canicules et pour notre bien-être.
Il est aussi impératif d’arrêter de financer avec de l’argent public des projets sans avenir climatique : un projet de golf fortement consommateur d’eau ici, des retenues d’eau pour la neige artificielle qui retardent la transformation des stations de ski. Et nous devons, nous aussi, nous emparer de cette question de l’adaptation, car nous aurons besoin de la mobilisation des citoyens, des entreprises, des associations. On le voit, c’est une question d’écologie intégrale, avec des implications environnementales, sociales et économiques !
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