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Le retour d’un "lobbying" catholique ?, par Aymeric Christensen

Un article rédigé par Aymeric Christensen - RCF, le 21 mars 2024 - Modifié le 21 mars 2024
Le point de vue de 7h20Le retour d’un "lobbying" catholique ?, par Aymeric Christensen

LA CHRONIQUE D'AYMERIC CHRISTENSEN - C’est un passage un peu passé inaperçu dans le discours d’ouverture de l’assemblée plénière des évêques. Éric de Moulins-Beaufort a annoncé mardi 19 mars l’entrée en activité d’une direction des affaires institutionnelles à la CEF…

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Pardon de dire un gros mot à la radio en début de journée, mais c’est difficile de l’éviter : "lobbying". Beurk, il est pas joli, celui-là… C’est en effet comme ça qu’on appelle, la plupart du temps, le travail de "relations institutionnelles".

Des formes de lobbying 

Je parle d’un gros mot, parce que cette activité est souvent perçue comme quelque chose de sale, de honteux, de plus ou moins malhonnête. Mais les "affaires institutionnelles", ce n’est pas toujours
négatif. C’est même généralement nécessaire, pour porter et défendre des intérêts légitimes ou des
causes qui vous tiennent à cœur. Car, ne soyons pas naïfs : la plupart des institutions, des entreprises
et des "écoles de pensée" (comme on dit pudiquement) pratiquent, à leur façon et à leur niveau,
des formes de lobbying.

Le point de vue de 7h20Le retour d’un "lobbying" catholique ?, par Aymeric Christensen

Dans l'Eglise Catholique 

Vous avez notamment le Spep, dont le directeur est surnommé "l’aumônier des parlementaires", ou encore certaines structures qui ont leurs services propres, comme l’Enseignement catholique. Et vous avez surtout ces évêques, ces prêtres et ces laïcs et représentants d’associations qui entretiennent des relations avec des élus ou des entreprises. Mais qu’est-ce qu’on observe, malgré tout ?

Et bien, que tout cela manque de cohérence. Et que la voix catholique a du mal à se faire entendre. Parce qu’elle n’est pas toujours uniforme, trop rarement "professionnelle", mais aussi parce qu’elle est, sur certains sujets, assez décrédibilisée aujourd’hui. Pour résumer : non seulement cette parole n’est pas entendue, mais elle n’est même pas attendue.

Soirée  au Collège des Bernardins

On s’en souvient… mais c’était il y a 6 ans, en avril 2018. Et depuis, rien. À l’époque, on faisait des comparaisons avec le dîner du Crif ou les vœux de la Fédération protestante, qui sont des événements annuels. Comme s’il y avait eu une soudaine volonté d’être plus audacieux, plus visibles, plus audibles mais que cette ambition avait aussitôt été ravalée, par modestie, par gêne ou par peur d’avoir l’air de vouloir peser dans le débat public. Pourtant, les évêques avaient eu la bonne idée d’y laisser une large place à la parole de personnes handicapées ou en précarité. Une attention trop rare, qui aurait mérité de devenir un rendez-vous régulier.

Prise de conscience ? 

Peut-être y a-t-il eu une prise de conscience du statut de minorité, donc que rien n’est "" à
l’Église catholique, et surtout pas un rôle de "directrice de conscience" des politiques.
Regardez le débat sur la fin de vie : les évêques se sont plaints que les annonces d’Emmanuel Macron sur la future loi d’euthanasie et de suicide assisté (peu importe qu’il en maquille les mots) étaient finalement l’exact inverse de ce que la ministre Catherine Vautrin leur aurait présenté peu avant…

Si l’Église veut défendre sa vision de la personne humaine et du bien commun, il n’y a aucune place
pour l’amateurisme ou la naïveté.
Elle doit apprendre à parler le langage des politiques. Si ce n’est
pour peser, au moins pour ne pas se faire rouler dans la farine. Il y a, dans l’Évangile, une jolie expression à ce propos : le Christ demande à ses disciples d’être "doux comme des colombes", certes, mais avant cela, il leur conseille d’être "prudents comme des serpents".

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